Weekend tendu au Cameroun avant l'annonce des résultats
27 octobre 2025
À Yaoundé et dans plusieurs grandes villes du Cameroun, un important dispositif sécuritaire a été déployé ce week-end. Les rassemblements à l'appel d'Issa Tchiroma Bakary ce dimanche, n'ont pas réussi à prendre de l'ampleur dans la capitale, freinés par la présence policière et l'appréhension des manifestants.
Ernesto Yene, acteur de la société civile, regrette les méthodes utilisées par le gouvernement du président Paul Biya:
"Nous ne sommes ni surpris ni étonnés de la tournure des événements que nous vivons actuellement. La plupart des Camerounais n'iront pas dans la rue, mais on sait ce qu'ils ont exprimé pendant ce scrutin. C'est simplement à ceux qui sont au pouvoir d'écouter ces messages. La paix n'est pas un décret, elle se prépare."
Arrestations d'opposants
Plusieurs partisans et cadres politiques proches de Tchiroma ont été interpellés, dont Anicet Ekane (Manidem) et Djeukam Tchameni (Union pour le Changement). Le ministre de l'Administration territoriale, Atanga Nji, a confirmé ces arrestations, les qualifiant de mesures nécessaires pour prévenir un "mouvement insurrectionnel” : "Les appels à manifester lancés par certains hommes politiques à l'ambition dévorante créent incontestablement les conditions d'une crise sécuritaire et participent à la mise en œuvre d’un projet insurrectionnel", a-t-il déclaré.
Dans la foulée, des informations indiquent que des armes, des procès-verbaux et d'importantes sommes d'argent ont été saisis lors de ces arrestations à Yaoundé, Douala et Garoua, fief de Tchiroma, dans le nord du pays.
Code électoral en question
Pour Ernesto Yene, ces procédures relèvent de stratégies du régime au pouvoir visant à écarter tout potentiel adversaire. Et selon lui, le code électoral en est une autre illustration :
"Avoir un code électoral qui n'est pas consensuel, comme le code électoral camerounais, est, au bout du compte, un moyen conçu par le gouvernement pour amener le chaos, même si ce chaos est lent. Entre 2018 et 2025, nous constatons encore les mêmes stigmates que portait ce code électoral. En moyenne, il faut attendre 15 jours pour connaître les résultats des élections. Pendant ces 15 jours, il est pratiquement interdit de publier les tendances."
Si la situation n'a pas dégénéré en insurrection généralisée, les signes de fragilité sont perceptibles : arrestations massives, restrictions possibles des communications et climat de défiance envers les institutions. Le verdict du Conseil constitutionnel, attendu ce lundi, déterminera qui sera le prochain président du Cameroun.