Les chômeurs contre la terreur
28 août 2006L’Allemagne a environ cinq millions de chômeurs. Dommage qu’il n’y en ait pas dix, se gausse la Tageszeitung de Berlin. Plus on en a, mieux la République se porte, car les oisifs de longue durée sont parfaits pour résoudre chaque problème social aussi compliqué soit-il ! Qu’il s’agisse de s’occuper de millions de personnes âgées délaissées, d’enseigner l’allemand à des enfants d’immigrés ou de répondre au danger terroriste. Pas de soucis chers citoyens actifs: les abonnés de Hartz VI se chargent de tout avec leurs jobs super dotés à un euro! Plus sérieusement le quotidien fait ensuite remarqué que toute activités donnant aux chômeurs un sentiment d’espoir et d’intégration est positif mais protéger la population contre la terreur islamiste n’en fait pas partie; c’est l’affaire de spécialiste hautement professionnels.
Plus les réelles chances d’emplois pour les chômeurs touchant les allocations Hartz VI s’amenuisent, et plus fantaisistes deviennent les idées des politiciens pour les occuper, déplore La Mitteldeutsche Zeitung de Halle. Qu’on s’imagine ne serait-ce que la tournée nocturne d’une employée de bureau au chômage contre des néonazis enragés ou des adolescents alcoolisés dans les trains de banlieue!
Dans un climat de peur, avance la Handelsblatt de Düsseldorf, le sens des mesures à prendre est pourtant encore moins remis en question. En connaissance de cause, prône le journal, et avec compréhension pour le désir de sécurité accrue, il est indiqué de considérer le débat avec beaucoup de suspicion, d’autant plus en ces temps de grande coalition. Car les deux partis populaires ont déjà démontré par le passé, leur propension à régler les problèmes en invoquant l’état tout-puissant.
Peut-être faut-il se montrer reconnaissant envers Wolfgang Tiefensee, ironise enfin la Frankfurter Rundschau, selon laquelle le ministre a clairement montré l’absurdité que finit par revêtir le débat sécuritaire. De telles propositions discréditent une discussion qui abrite moins de divergences que certains politiciens font croire. Il existe en effet un large consensus, affirme le journal. Et cela vaut surtout pour les exigences prioritaires comme le renfort de la surveillance vidéo ou la mise en place d’une banque de donnée anti-terroriste. Tout le monde veut les réaliser, reste à savoir comment.