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Dakar : les commerces doivent réduire les jours d’ouverture

Reliou Koubakin
4 mai 2020

Depuis lundi (04.05.20), les commerces ne peuvent plus ouvrir durant toute la semaine. Les exploitants des magasins craignent des conséquences économiques.

Image : REBECCA BLACKWELL/AP/dapd

Selon la note du préfet de Dakar, Alioune Badara Sambe, l’ouverture des commerces est interdite le week-end. Samedi et dimanche seront consacrés au nettoyage et à la désinfection de ces lieux de vente. Lundi, mercredi et vendredi, les commerces peuvent vendre des produits alimentaires. Mardi et jeudi seront destinés aux activités non alimentaires, tout cela de 8h à 17h. Des précisions apportées par la note rendue publique dimanche (03.05.20).

Le Sénégal compte lundi (04.05.20) 1.271 cas positifs dont 10 décès, selon les chiffres publiés par le ministère de la Santé. Face à l’augmentation du nombre de cas, les autorités de la capitale Dakar ont donc décidé de réglementer l’ouverture des commerces. 

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Risque d’afflux de clients dans les commerces

La vente à la sauvette sera interdite sur la voie publique. Ces restrictions ne concernent cependant pas les pharmacies, les boulangeries et les boutiques de quartier. 

Fréjus, habitant de Dakar, redoute un afflux dans les commerces : "En réduisant les jours de fréquentation, on ne réduit pas les flux". Et de prévoir : Il se pourrait que parce que les gens n’ont que trois jours ou deux jours pour faire des achats, le monde qui va se retrouver là-bas soit encore plus important que si le marché était étalé sur la semaine." 

Adam, travailleur de la capitale sénégalaise, craint aussi que "l’Etat, en voulant régler un problème, risque de créer d’autres problèmes". Il s'inquiète même d'éventuelles violences : "Ça peut créer des émeutes devant les magasins". 

Le président de l’Association de consommateurs du Sénégal (ASCOSEN), Momar Ndao, a participé à l’élaboration de cette mesure. Il croit lui que l’arrêté du préfet peut contribuer à freiner la propagation du virus : "On aurait pu fermer tous les marchés. Là, on ne les ferme pas. Donc, on permet aux marchés de fonctionner. Ça n’empêche pas les gens de travailler." Et d'insister : "Cela diminue la concentration de marchands et d’acheteurs". 

Image : Imago-Images/Le Pictorium/S. Souici

Baisse du chiffre d’affaires

Mais pas de quoi convaincre Omar Cissé, de l’association des commerçants et industriels du Sénégal (Acis). Il craint une baisse du chiffre d’affaires. "Pour nous autres commerces qui ne sommes pas alimentaires, nous n’avons droit qu’à deux jours d’ouverture. Travailler huit jours dans le mois pour quelqu’un qui avait l’habitude de travailler trente jours dans le mois, voyez l’écart ! Nous nous attendons à des pertes, à des conséquences économiques énormes."

L’Acis regrette l’ouverture des grandes surfaces pendant six jours contre la moitié pour les autres commerces. Elle a demandé plutôt au préfet de contribuer au respect des mesures barrières par les clients qui entrent dans ces lieux d’échanges.   

Aby, travailleuse dans une entreprise, comprend la mesure au regard de l’augmentation de cas communautaires. Mais elle pense que les horaires d’ouverture sont mal adaptés aux gens qui travaillent : "Reconnaissons que ce ne sera pas du tout évident pour les femmes qui sont au bureau et qui d’habitude faisaient leurs courses le week-end, en tenant compte également du couvre-feu à 20h. A la sortie du travail, tu n’as pas trop le temps d’aller faire des courses."

Pour cette Dakaroise, l’arrêté vient encore compliquer la tâche aux populations alors que le président Macky Sall a prorogé, dimanche (03.05.20), jusqu’au 2 juin l’état d’urgence. "Le constat majeur est que l'épidémie ne faiblit pas", selon le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.

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