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"Les droits de l'Homme restent un combat"

10 décembre 2024

Le monde célèbre les droits humains le 10 décembre. Reconnus internationalement, ces droits sont aussi très critiqués. Interview avec Xavier Dupré de Boulois, professeur de droit à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

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Xavier Dupré de Boulois revient sur les critiques formulées à l'encontre des droits de l'Homme en 2024Image : Ralph Peters/imago images

Le 10 décembre, c’est l’anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme par les Etats membres des Nations unies, en 1948.

Cette date a donc été choisie pour commémorer les droits humains chaque année. Et elle est l’occasion de réfléchir à ces principes posés comme universels, au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Interview avec Xavier Dupré de Boulois (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

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Ecoutez-ci contre Xavier Dupré de Boulois, professeur de droit à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en France

Ecoutez l'interview en cliquant sur l'audio.

Xavier Dupré de Boulois : Il y a une remise en cause, pas des droits de l'homme en eux-mêmes, parce qu'il n'y a plus beaucoup d'Etats aujourd'hui qui nient les droits de l'Homme.

Mais disons qu'ils défendent les droits de l'Homme à leur sauce.

Il est toutefois  vrai qu’il y a une remise en cause des droits de l'Homme dans le champ intellectuel, avec des critiques d'origines assez diverses.

Il y a une critique qui vient des religions hostiles aux droits de l'Homme – non pas en général, mais à certains d'entre eux, et notamment tous ceux qui marquent l'émancipation de l'individu dans la famille.

Vous avez un deuxième discours qui, lui, repose plutôt sur la réfutation de l'universalisme des droits de l'Homme, qui part du constat qu'effectivement ces droits ont été consacrés en Occident. Que c'est une conception occidentale qui n'a pas empêché le colonialisme.

C'est une conception qui est très largement théorisée en Chine. Et c'est aussi un discours qu'on retrouve en Afrique, effectivement, où [certains critiquent] cette conception occidentale qui était une conception de domination. C'est la seconde critique.

La troisième reste la critique socialiste qui dénonce surtout la valorisation des droits sociétaux aux dépens des droits sociaux.

Il y a également une quatrième critique dans le champ intellectuel qui provient de certains courants de l'écologie politique qui ont stigmatisé une conception de l'Homme dans la société qui aurait justifié la primauté de l'Homme sur la nature.

Cependant, il y a beaucoup de nuances dans ces discours-là et, à ma connaissance, aujourd'hui, il n'y a plus aucun État qui nie l'existence des droits de l'Homme. Y compris des Etats comme l'Arabie Saoudite ou la Chine.

Ainsi, des États qui sont quand même des États fondamentalement autoritaires se prévalent d'une conception des droits de l'Homme, mais qui s'inscrit en rupture avec celle qui est censée venir d'Occident.

 

DW : Pourtant, dans la pratique, les violations de ces principes sont monnaie courante, y compris dans les démocraties occidentales d'ailleurs.

Oui, bien sûr. C'est vrai que les droits de l'Homme restent un combat.

Et effectivement, malgré les grandes proclamations, les pays occidentaux ont aussi encore leur part de zones d'ombre en la matière, surtout vers les marges : concernant la situation des migrants, mais aussi la situation des détenus.

Donc non, on n'est pas arrivé au bout d'un processus ni de ce vers quoi on veut tendre.

Bien sûr, chacun a sa part de difficultés en la matière.

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