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"Les droits de l'Homme ne sont-ils pas valables pour tous?"

Philippe Pognan21 avril 2015

Les survivants de cette nouvelle catastrophe en Méditerranée sont arrivés tôt mardi en Sicile en même temps que les deux passeurs responsables du drame, aussitôt arrêtés, comme aussi le commandant du chalutier

Griechenland - Füchtlinge vor Rhodos
Image : REUTERS/Argiris Mantikos/Eurokinissi

La justice italienne a déclaré le commandant du chalutier chargé de centaines de migrants, qui a fait naufrage ce week-end, comme l'unique responsable de ce dernier drame en Méditerranée. Pour les procureurs de Catane en Sicile en charge de l'enquête, l'homme a provoqué le naufrage en surchargeant son navire et en se montrant incapable de le manoeuvrer à l'approche d'un cargo portugais venu le secourir. Les journaux allemands eux se penchent sur la responsabilité de l'Union européenne.

Perdus en haute merImage : picture alliance/ROPI

"Qu'attendons nous encore?“ demande ainsi l'éditorialiste de la taz, die tageszeitung de Berlin qui dit clairement ce qui, selon lui, doit être fait: "Il faut immédiatement mettre en place une action internationale d'évacuation coordonnée pour les candidats à l‘émigration séjournant dans les camps de transit libyens. Ces camps où des milliers de réfugiés sont internés dans des conditions précaires sous le contrôle des passeurs en attendant l'ordre de départ. Une telle action d'évacuation est faisable militairement, assure la taz. Des troupes européennes et américaines évacuent régulièrement leurs ressortissants de régions de crise. Ce sont pour elles des actions de routine. La Méditerranée regorge déjà de navires de guerre. Au besoin, estime la taz, il faut dédommager les milices qui voudraient leur mettre des bâtons dans les roues parce qu'elles voient leurs affaires menacées. Des Etats qui paient des rançons pour libérer leurs ressortissants pris en otages par Al Qaida dans le Sahel, peuvent aussi payer pour des citoyens d'autres pays ! "

Réfugiés syriens à detination de l'Europe dans le port de Bengasi en LibyeImage : picture-alliance/dpa

La Frankfurter Rundschau est consternée : "700 personnes ont perdu la vie cette fois, ou bien 900 ou plus encore? Tous les pays membres de l'Union européenne se sont engagés à respecter les Droits de l'Homme et sont fiers de leur héritage humaniste. En 2012, l'UE s'est même vu décerner le Prix Nobel de la Paix. Les Droits de l‘Homme ne valent- ils pas pour tous? » s'interroge le journal de Francfort.
"Malgré une migration croissante en provenance des zones de conflit et de pauvreté, l'Union européenne est, depuis trop longtemps déjà, figée dans l'inaction politique ", critique le journal Münchner Merkur de Munich. Et il souligne : "Le sommet de crise des chefs d'Etat et de gouvernement jeudi est une mesure - certes tardive- mais indispensable pour enfin rechercher ensemble des solutions viables à longue échéance."

Enfants sud- soudanais dans un camp de réfugiés dans la région de Gamella en EthiopieImage : DW/C. Wanjoyi

La Stuttgarter Zeitung, quotidien de Stuttgart, résume le problème en une phrase : "Il n'existe pas de solution immédiate pour la plus grande tragédie de notre époque qui est le déracinement, par la violence et la misère, de dizaines de millions de personnes de par le monde..."

Autre thème: La Turquie et le génocide arménien

Après de longs débats à Berlin, la coalition gouvernementale s'est enfin résolue à qualifier de génocide le massacre des Arméniens par les Turcs de l'Empire ottoman il y a 100 ans.

Le quotidien Handelsblatt de Düsseldorf exprime son "respect pour cette décision de ne plus ménager l'incorrigible président turc Recep Tayyip Erdogan qui s'obstine à nier le génocide perpétré contre les Arméniens !"

"Après cette leçon d'histoire donnée à la Turquie, l'Allemagne devrait aussi se pencher sur ses propres défaillances historiques" estime le quotidien das Badische Tagblatt. "Car parmi tous les méfaits de l'Histoire du 20ème siècle, ne figure pas seulement le génocide perpétré contre les Arméniens, mais aussi celui contre les Herero en Namibie, un génocide commis il y a 110 ans par l'Allemagne coloniale. Mais jusqu'à ce jour, Berlin nie qu'il y ait eu un génocide et rejette toute demande de compensation ! Ce n'est pas moins critiquable que l'attitude de la Turquie vis à vis de la vérité !", conclut l'éditorialiste de Baden-Baden.

Lieu de commemoration du génocide à Erivan en Arménie. Les massacres perpétrés par les Turcs ont coûté la vie à 1,5 millions d'Arméniens sous l'Empire ottomanImage : picture-alliance/dpa/T. Koerbel
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