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Les Etats-Unis veulent expulser des migrants vers le Rwanda

5 mai 2025

Kigali mène des discussions avec Washington pour accueillir sur son sol des migrants expulsés des Etats-Unis qui ont un casier judiciaire et ayant purgé leur peine.

Un agent de sécurité ouvre le portail d'entrée à côté d'un panneau indiquant « Venez en tant qu'invité, partez en tant qu'ami » à l'auberge Hope Hostel à Kigali, au Rwanda, où les migrants seront hébergés après être arrivés du Royaume-Uni par un vol d'expulsion (16.06.22)
La Cour suprême britannique ayant statué que l'envoi de migrants au Rwanda dans le cadre de cet accord serait illégal car il "les exposerait à un risque réel de mauvais traitements"Image : Victoria Jones/empics/picture alliance

L’information de plusieurs médias américains a été confirmée par le ministre des Affaires étrangères du Rwanda.  

Les discussions avec les Etats-Unis n'en sont qu’à leur phase initiale, explique le ministre Olivier Nduhungirehe. Selon lui, il reste encore du temps avant de parvenir à un accord avec Washington. 

Pour le militant des droits de l’Homme rwandais Rene Claudel Mugenzi, si accord il y a, d'abord, l’objectif est de redorer l'image écornée du Rwanda en raison de la guerre dans l’est de la RDC. C'est ce qui a poussé le pays, par exemple, à signer de nouveaux partenariats avec des équipes de football qui arborent "Visit Rwanda" sur leur maillot. Mais le but serait aussi économique.  

"Beaucoup de pays ont arrêté leur aide au Rwanda à cause de son soutien aux rebelles du M23. Le Rwanda a donc besoin d’une autre source de revenus pour essayer de remplacer ce qu’il a perdu à cause de ces sanctions", explique Rene Claudel Mugenzi. 

"Le Rwanda a donc besoin d’une autre source de revenus" (Rene Claudel Mugenzi)

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Accord controversé avec la Grande-Bretagne

Le ministre Olivier Nduhungirehe fait remarquer que ce genre d’accord “n’est pas quelque chose de nouveau pour nous”. Kigali a en effet déjà signé un accord controversé avec la Grande-Bretagne pour accueillir des milliers de demandeurs d’asile. Londres avait même versé des centaines de millions d’euros au Rwanda avant que le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer, n’abandonne l’accord.  

Julia Doublait, responsable adjointe au bureau Afrique de la FIDH, évoque de grandes préoccupations.  

"Déjà parce qu’on a l’impression que c’est un deal qui permet de monnayer la vie des gens qui sont en général en difficultés. Bon là (le cas de la Grande-Bretagne), c’était vraiment par rapport à des demandeurs d’asile, des gens qui ont fui par contre de persécutions. On continue à s’interroger voire même plus encore plus avec la situation dans l’est de la RDC sur les garanties suffisantes que peut présenter le Rwanda." 

Des inquiétudes des Nations unies

Selon les informations de CNN, Washington pourrait expulser vers le Rwanda des migrants avec un casier judiciaire qui ont purgé leur peine de prison aux Etats-Unis. Selon CBS, un autre média américain, des Africains pourraient être sur la liste. Le Rwanda leur fournirait un soutien social et une aide à la recherche d'un emploi au niveau local. D'après CBS, des discussions pourraient avoir lieu dans les jours à venir sur la compensation financière.  

Le Rwanda de Paul Kagame a été critiqué par des ONG pour son bilan en matière de droits humains et une liberté d'expression de plus en plus restreinte.Image : Lim Yaohui/Newscom/Singapore Press Holdings/IMAGO

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a prévenu qu'il y avait un risque que certains migrants envoyés au Rwanda soient renvoyés dans les pays qu'ils ont fuis. Kigali nie ces allégations et accuse le HCR de mentir. Un premier ressortissant irakien a déjà été expulsé vers le Rwanda.  

Selon CNN, un juge fédéral a temporairement empêché le mois dernier l'administration Trump d'expulser des personnes vers d'autres pays que le leur sans les en avoir préalablement informées et leur avoir donné la possibilité de le contester. 

L'annonce de ces discussions survient alors que Kinshasa et Kigali doivent parvenir à un accord de paix dans l’est de la RDC. Et que les Etats-Unis ont lancé lundi (28.04) leur premier dialogue bilatéral stratégique.