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Les fonctionnaires tchadiens sont fâchés

Blaise Dariustone
30 janvier 2018

Au Tchad, les fonctionnaires de l’Etat ont entamé une grève illimitée à l’appel de la Plateforme syndicale revendicative. Le mouvement s'est étendu après que les fonctionnaires ont constaté des coupes sur leurs salaires

Tschad Streik der Lehrer in N'Djamena
Image : DW/B. Dariustone

Nombreux sont les fonctionnaires tchadiens qui se trouvent dans une situation difficile depuis le versement des salaires du mois de janvier. Beaucoup se sont retrouvés avec des sommes allant à peine de 15.000 à 35.000 F CFA, soit environs 30 ou 50 euros. Pire, les fonctionnaires ayant contracté des crédits bancaires se sont retrouvés avec un salaire quasiment nul une fois leur prêt remboursé. "Franchement, je ne sais pas par quel mot commencer. Je suis un fonctionnaire avec des enfants à ma charge dans une maison en location. Tenez, je viens de sortir de la banque mais c’est la banque qui me réclame de l’argent. Je suis sous crédit et j’ai vu mon salaire coupé de 100.000 F CFA. Je rentre démoralisé. Comment est ce je vais regarder ma famille ?" s'interroge Asra Modé, enseignant.

Promesse non tenue

L’application de cette mesure intervient deux semaines après la sortie médiatique du Premier ministre, rassurant les fonctionnaires que leurs salaires ne seront pas touchés. "Nous avons dis que dès que nous aurions constaté une baisse de nos salaires, une grève serait déclenché immédiatement. Et cette grève, jusqu’à maintenant est bien suivie. Cette grève illimitée va être accompagnée d’un service minimum au niveau de la santé. Et ce service minimum sera limité dans le temps."  déclare pour sa part Michel Barka, président de l’Union des syndicats du Tchad, membre de la Plateforme syndicale revendicative, qui accuse le gouvernement de mauvaise foi. 

Image : DW/B. Dariustone

Crise financière
Mais pour le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Sabre, de 2014 à 2017 le Trésor public tchadien s’est endetté à plus de 800 milliards F CFA. C’est pourquoi il appelle les fonctionnaires à consentir à des sacrifices pour payer cette dette, afin d’éviter de surendetter les générations futures. "Ce sont des mesures certes impopulaires mais qui sont les seules à même de sauver notre avenir commun. Les grèves et autres contestations ne feront qu’aggraver une situation déjà critique. En plus de la menace qu’elles feront peser sur la paix sociale. Aucun gouvernement ne pourrait décider de gaieté de cœur de réduire le traitement de ses agents."

Depuis le lundi, toutes les écoles et établissements d’enseignements supérieurs sont fermés. Mécontents, les élèves ont déclenché des manifestations spontanées dans plusieurs villes du pays, brûlant des pneus sur des grandes artères et cassant des voitures et édifices publics. A N’Djamena, une soixantaine d’élèves et quelques badauds ont été arrêtés par la police.