Le "professeur" Jammeh et le déclin de la Gambie
8 janvier 2016Depuis le début de l‘année, en Gambie, toutes les femmes employées ou fonctionnaires des services publics ont l'obligation de porter le voile islamique pendant les heures de travail, relève la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung .
C'est un décret personnel du président Yahya Jammeh. En décembre de l'année dernière, le président avait proclamé la Gambie, pays à majorité musulmane, "République islamique", sans expliquer cette décision. En Gambie, musulmans, catholiques et anglicans vivent jusqu'ici en bon voisinage, sans être perturbés par des extrémistes. Le quotidien de Francfort suppose que la transformation du pays en République islamique a surtout pour but de s‘attirer les faveurs et d'obtenir des soutiens financiers des monarchies du Golfe, après que le plus gros donateur jusqu'ici, l'Union européenne, a, en grande partie, cessé ses paiements en raison des entorses aux droits de l'Homme dans le pays.
La Gambie est pratiquement en faillite
Le déclin économique de l'ancienne colonie britannique est dû notamment à la personne même de Jammeh , parvenu au pouvoir en 1994 par un putsch. Jammeh, qui s'est autodécerné le titre de „professeur“, menace les homosexuels de leur couper la tête. La Gambie est l'un des états les plus répressifs du continent, les prisons abritent davantage d'opposants au régime que de criminels. Dans la 22 ème année du régime Jammeh, le pays est à genoux. Selon l'ONU, 60% des 1,9 million de Gambiens vivent dans la pauvreté. Dans l'index de développement des Nations Unies, la Gambie occupe le 151è rang sur 169 pays. Parmi les migrants ouest- africains qui tentent de rejoindre l'Europe en traversant la Méditerranée, les Gambiens sont les plus nombreux…
Un "gros" problème pour les paysans africains: l'éléphant
Le plus gros habitant du continent africain et qui en est aussi un symbole, est aimé et apprécié par beaucoup de gens. Certains cependant voient ces géants d'un autre oeil. Alors que le nombre des pachydermes victimes de braconniers augmente plus vite que le taux de reproduction de ces imposants animaux - surtout en Afrique centrale et dans l'est du continent - les éléphants sont souvent un problème pour les cultures des petits paysans.
Victimes du braconnage
32 tonnes d'ivoire confisquées par les douanes en 2015, principalement dans les pays asiatiques. Une quantité d'ivoire qui représente un nombre énorme d'éléphants abattus en Afrique par des braconniers et des trafiquants. C'est ce que rapporte le quotidien Tagesspiegel qui relève que depuis 2013, le nombre des éléphants abattus par des braconniers dépasse constamment le nombre des naissances chez ces pachydermes. Entre 2006 et 2013, leur population est passée de 550.000 à 470.000 spécimens.
La Süddeutsche Zeitung remarque toutefois que les gardes-chasse réussissent tout de même dans certaines régions à freiner le carnage. Ce qui n'est pas toujours du goût des petits agriculteurs qui, en bordure des parcs et réserves, cultivent le mil, le manioc ou le maïs. Le "conflit éléphants / êtres humains" pose des problèmes, et face à la croissance rapide de la population humaine en Afrique, on a un besoin urgent de solutions non sanglantes. Or l'intelligence des éléphants complique les possibles solutions. En effet, ces géants apprennent rapidement à ouvrir de simples portes et barrières avec leur trompe ou à rabattre au sol des grillages électrifiés, au moyen de branches.
Et si les paysans essaient de les chasser en leur jetant des pierres, en les frappant avec des gourdins ou en tirant en l'air, cela ne fait que provoquer la colère de ces poids-lourds et alors, sauve qui peut !
Mais il ne faut pas croire que ces majestueux géants n'ont peur de rien, ni de personne, souligne la Süddeutsche. En effet, un adversaire minuscule, mais féroce leur impose le respect : l'abeille... et en particulier, l'espèce africaine, très agressive. Une piqûre au bout de la trompe ou près des yeux est si douloureuse pour les colosses que dès qu'ils entendent le bourdonnement de ces insectes, ils prennent le large et avertissent leurs parents en trompétant un signal d'alarme.
D'où l'idée développée par une zoologue d'origine britannique, Lucy King, qui a vécu dans plusieurs pays africains : une "barrière de ruches". Les paysans lassés des éléphants qui viennent ruiner leurs cultures montent tous les dix mètres des ruches sur des piquets ou des arbres et relient alors ces ruches avec un simple fil de fer. Si un éléphant touche ce fil de fer, les abeilles sont alarmées et leur simple bourdonnement fait fuir les pachydermes ! Le projet est financé par l'organisation de protection "Save the Elephants" (Sauvez les éléphants), par l'université d'Oxford et le Fonds Walt Disney pour la Nature. Les premiers tests réalisés au Kenya et au Botswana ont été un tel succès qu'ils vont faire école, selon le quotidien de Munich qui souligne un effet secondaire positif à cette barrière de ruches : une source de revenus pour les paysans qui vendent le miel de ces abeilles-gardiennes ! "