Les Jeux Olympiques d'hiver dans la ligne de mire des éditorialistes
7 février 2014« Personne ne devrait être surpris que les coûts des JO de Sotchi s'avèrent exorbitants et que la corruption y règne en maître, estime le quotidien DIE WELT. Mais l'ampleur de la démesure est à vous couper le souffle. 37 milliards d'euros, telle est la facture pour la construction de pistes de ski, de patinoires, de routes, de gymnases et de stades dans une ville de villégiature estivale sur la Mer Noire. Des voix critiques assurent que la moitié de cet argent a été volé ou bien versé en pots de vin aux amis de Poutine qui ont reçu les plus gros contrats...Que peut –on attendre d'un pays où le grand capital, le crime organisé et la politique se recoupent aussi souvent ? s'interroge l'éditorialiste.
« En 2007, quand Vladimir Poutine a réussi à s'assurer le déroulement des JO à Sotchi, il était plus populaire que jamais, relève la FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG. Son régime n'était pourtant pas fondamentalement différent d'aujourd'hui : les élections étaient manipulées, le droit contourné, les voix critiques étouffées, la corruption tolérée en échange de loyalisme. Mais, à l'époque, le soutien de la population était sincère. Entre-temps, les rapports entre la société et les dirigeants ont changé. Et cela ne concerne pas le seul président et son déclin de popularité, mais encore plus la manière dont les fonctionnaires,- les prétendus serviteurs de l'Etat-, traitent la population et travaillent seulement pour leur propre profit et non pas pour celui du pays. Et Sotchi en est un symbole. »
Sous la photo d‘un Poutine souriant au milieu d'un chœur de jeunes enfants, à la Une de la TAZ, l'éditorialiste de la TAGESZEITUNG de Berlin relève à propos d'une lettre ouverte signée par des écrivains connus au maître du Kremlin :
« Qu'est- ce qu'un Vladimir Poutine a à faire d'écrivains tels que Günter Grass, Salman Rushdie, Orhan Pamuk ou bien Elfriede Jelinek ? Aussi noble que soit leur lettre ouverte au président russe, aussi moralement correct que puisse être leur appel contre l'homophobie et pour la liberté d'expression et le respect des droits de l'homme, il serait naif de croire que des auteurs,- aussi connus soient-ils-, puissent avoir la moindre influence sur un politicien tel que Poutine ! L'élite politique russe peut, en toute désinvolture, se caler dans ses fauteuils. L'élite économique, elle s'est déjà rempli les poches !“
« Quand un président tout puissant décide de transformer une station balnéaire estivale en un centre de sports d'hiver, on ne peut guère l'en empêcher, constate la SÄCHSISCHE ZEITUNG de Dresde. Mais pourquoi offre-t-on à Poutine les Jeux comme scène internationale? La destruction, l'exploitation et le gigantisme sont-ils les nouvelles valeurs olympiques ? Le Comité International Olympique décline toute responsabilité, il n'est soi disant que l'instance qui décide du lieu et du contrôle des règles sportives. C'est paradoxal, non seulement parce que le CIO encaisse des millions avec ce spectacle, mais aussi parce qu'il met en danger même l'avenir des Jeux Olympiques. »
« De belles images colorées défileront sur les écrans de télévision, quand les JO vont être inaugurés à Sotchi…écrit le quotidien NÜRNBERGER ZEITUNG. Les sportifs internationaux ne seront qu'un alibi pour ceux qui se rempliront les poches pour les Jeux les plus chers et les plus nuisibles à l'environnement de tous les temps. Tout cela aux dépens de la nature, d'ouvriers esclaves et de nombreux habitants expropriés ! »