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Les mémoires de Gerhard Schröder

Carine Debrabandère9 novembre 2006

Sortie aujourd'hui en français de "Ma vie et la politique", aux Editions Odile Jacob. Après un an d'absence médiatique, le chancelier de la coalition rouge-verte revient sur le devant de la scène.

Image : AP

Après un an d’absence, le revoilà à grands coups de shows télévisés et de couverture des grands magazines. Gerhard Schröder, le chancelier des médias, le chancelier des patrons aussi publie ses mémoires. Sorti fin octobre, « Ma vie et la politique » est déjà en tête des meilleures ventes en Allemagne et sort aujourd’hui même avec grand fracas en français, aux Editions Odile Jacob. Pour Gerhard Schröder, le chancelier de la coalition rouge-verte, il s’agissait, après la perte du pouvoir au mois de septembre 2005 de se lancer très vite vers d’autres rivages professionnels…

« Les trois ou quatre premiers mois ont été très difficiles. Ce qui m’a aidé, c’est aussi ce qui a été vivement critiqué : le fait de me lancer tout de suite dans les affaires. Il ne s’agissait pas en première ligne de questions d’argent. »

Il est question des fonctions de l’ancien chancelier au sein du conseil de surveillance de Gazprom, une société directement dirigée par Moscou et responsable d’une bonne part de l’approvisionnement en gaz en Allemagne. « I’m not amused », a été en gros la réaction de la classe politique. Notamment celle de Wolfgang Schäuble, l’actuel ministre de l’intérieur

« Il devait savoir que son attitude ne serait pas franchement bien vue. Il aurait mieux fait de ne pas entreprendre ce genre d’affaires, pour son bien mais aussi pour celui de l’Allemagne et de la fonction qu’il a quittée ».

Gerhard Schröder et la Russie, toute une histoire. L’ex chancelier est un ami intime de Vladimir Poutine dont il salue la manière de gouverner le pays, dont il loue l’intelligence et la forme physique. Alors que le reste du monde se concentre sur la politique que le président russe mène notamment en Tchétchénie. Autre prise de position, celle à l’égard de George W. Bush pour lequel Gerhard Schröder exprime sa sympathie mais qu’il qualifie clairement de personnage beaucoup trop empreint de sa crainte de Dieu. « Bon nombre de ses décisions sont le résultat d’une discussion avec le Seigneur », souligne-t-il. A noter sinon des propos aimables envers le président Jacques Chirac et une position claire en faveur du moteur franco-allemand de l’Union européenne. Uwe-Karsten Heye, l’ancien porte-parole de la chancellerie et co-auteur de l’ouvrage, salue la volonté de Gerhard Schröder de ne pas avoir voulu faire la critique d’Angela Merkel, l’actuelle chancelière…

« Dans ce livre, il n’y a aucun coup bas, et aucune réflexion sur la politique actuelle. Il s’agissait uniquement pour Gerhard Schröder de faire un bilan des sept ans qu’il a passés à la tête de la chancellerie. Je pense que c’est un livre honnête sur les côtés positifs et négatifs de la coalition rouge-verte. »

Cela dit, celui que l’on surnommait le chancelier des patrons n’hésite pas à critiquer l’aile gauche de son propre parti et les syndicats dans leur volonté de saboter – selon lui – les réformes du marché du travail entreprises par la coalition rouge-verte sous l’appellation « Agenda 2010 », agenda de relance de l’économie allemande caractérisé par de nombreuses mesures impopulaires - notamment la fusion de l’aide sociale et des allocations chômage. Markus Söder, secrétaire général des chrétiens sociaux, à droite, n’apprécie pas beaucoup la façon avec laquelle Gerhard Schröder rejette la faute de la perte du pouvoir sur “les autres” :

« Pour Schröder, c’est la faute de tout le monde, sauf la sienne. Ces sept ans malheureux de coalition rouge-verte, marqués par le chômage et les dettes en tous genres, c’est à cause des autres. C’est typique pour la personnalité de Schröder : arrogant et imbu de lui-même. »

Une attitude qui avait notamment déplu le soir des élections, en septembre dernier, lorsque Gerhard Schröder insistait sur le fait que les sociaux-démocrates n’avaient pas perdu les élections. Le SPD recueillait 34,3% des votes, les chrétiens-démocrates 35,2. Personne n’avait la majorité absolue. Et celui qui était encore chancelier déclarait…

« Croyez-vous vraiment que mon parti va accepter les pourparlers avec Madame Merkel, lorsque celle-ci annonce qu’elle veut être chancelière ? Elle n’arrivera jamais à former une coalition avec les sociaux-démocrates si elle tient à tout prix à diriger le gouvernement. Ne vous faites aucune illusion ».

Illusions perdues. Angela Merkel est bel et bien chancelière. Cela dit Gerhard Schröder fait un tabac dans les librairies. Premier sur la liste des best-sellers pour les essais, 160 000 exemplaires qui se vendent comme des petits pains et des traductions en huit langues…