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Les marches de l'opposition peinent à mobiliser au Cameroun

Elisabeth Asen | Henri Fotso | Avec agences
22 septembre 2020

La manifestation pacifique annoncée par les militants du MRC a été étouffée à Yaoundé, tandis qu'au moins deux blessés sont déplorés à Douala.

Une cinquantaine de Camerounais ont également manifesté devant l'ambassade du Cameroun à Paris, en France
Une cinquantaine de Camerounais ont également manifesté devant l'ambassade du Cameroun à Paris, en FranceImage : AFP

Sept partis, dont le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, avaient appelé à des "marches pacifiques"contre le régime dans tout le pays. Mais les autorités ont pris des mesures de sécurité draconiennes pour empêcher ces marches qui avait pour objectif de chasser le président du pouvoir.

Peu de manifestants à Yaoundé

"Les gens ont été arrêtés par anticipation" (Okala Ebode)

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Annoncée il y a quelques jours par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), la marche de ce 22 septembre n'a pas été vraiment suivie à Yaoundé.

Pour certains, comme le président du parti d'opposition MPDR, c'était prévisible. 

"Ce n'est pas du tout une surprise", estime ainsi Shanda Tonme. "Je n'avais pas imaginé que les gens puissent arriver à ces extrémités de langage. On ne sait plus ce qu'ils veulent. Tantôt c'est la guerre au Nord-Ouest et Sud-Ouest, tantôt c'est le code électoral et le président qui doit partir, tantôt il ne faut pas que les régionales se tiennent, ensuite ils ont commencé à parler d'appel à l'insurrection. Vraiment dans n'importe quel pays du monde, ce parti aurait été interdit et ses dirigeants arrêtés."

Déploiement massif des forces de sécurité  

Depuis les élections de 2018 au Cameroun, jamais la ville de Yaoundé n'avait connu un aussi fort déploiement de la police et de l'armée. Selon Okala Ebode, le trésorier du MRC, c'est l'une des raisons qui ont empêché les manifestations de Yaoundé.

"Les gages que le régime a donné d'encadrer et de nous laisser manifester n'ont pas été respectés. Partout dans la ville de Yaoundé, on a militarisé tous les axes, les carrefours où les camarades ont essayé de se mobiliser pour converger vers la poste centrale. Les gens ont été arrêtés par anticipation et tout cela a atténué les effets et l'envie de mobilisation des camarades."

Les habitants quant à eux ont poursuivi leurs occupations habituelles. Comme Charles Hervé, commerçant au centre-ville.

"Je suis sorti, je suis au niveau de Casino, c'est plutôt calme, pas de problème. La situation semble être sous contrôle, la ville est calme."

Quelques interpellations opérées par les forces de l'ordre ont été toutefois observées ça et là. Mais la journée s'est achevée sans véritable heurts à Yaoundé.

Au moins deux blessés à Douala

À Douala en revanche, la mobilisation a été plus suivie et les heurts entre les manifestants et les forces de l'ordre ce sont soldés par au moins deux blessés par balle, selon un premier bilan.

"Les trois quarts des magasins sont restés fermés ce matin à Douala" (Philippe Nanga)

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Des manifestations se sont déroulées dans des endroits névralgiques tels que le Carrefour Ndokoti, Cité Sic, Bépanda et Bonabérie. Les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants qui agitaient des branches d'arbre et des feuilles en signe de paix.

"Nous avons constaté que des gaz lacrymogènes, de l'eau ont été aspergés sur les manifestants, et on a vu au moins deux personnes qui ont été blessées", témoigne le coordonnateur de l'ONG des droits humains Un Monde Avenir, Philippe Nanga.

 Mi-septembre, le gouvernement avait interdit toute manifestation, assimilant le mot d'ordre à un "appel à l'insurrection" et menacé de "réprimer" tout rassemblement en vertu d'une "loi de 2014 portant répression des actes de terrorisme".

Les autorités avaient également invoqué les règles de distanciation liées au coronavirus. "Ces mesures sont une tentative à peine voilée de se servir de la pandémie de Covid-19 et d'une loi antiterroriste draconienne comme prétextes pour supprimer le droit à la liberté de réunion", a protesté lundi soir l'organisation internationale Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué.

Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais