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Les Nigérians du Bénin peu motivés par la présidentielle

Claire Stephane Sacramento
15 février 2019

La diaspora nigériane s'apprête elle aussi à voter mais pour exercer son droit de vote, il lui faut se rendre au Nigeria. La majorité de la communauté Igbo de Cotonou s'intéresse peu à l'issue du scrutin.

Benin Straßenverkehr in Cotonou
Image : picture-alliance/dpa/B. Beege

"Il n'y a pas de raison pour nous, les Igbos, de voter" (commerçant nigérian)

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Le pays le plus peuplé d'Afrique, avec ses 190 millions d'habitants, tient son scrutin présidentiel samedi (16.02.2019) dans un contexte de tensions.

La diaspora nigériane, nombreuse au Bénin, ne pourra pas voter sur place, la loi permettant cette opération n'ayant pas été adoptée par le parlement.

Les concernés devront donc se déplacer. Un véritable obstacle pour Peter Mba, originaire d'Abi, qui préfère renoncer.

"Vraiment j'aimerais voter mais il faut aller au Nigeria. Alors se tracasser pour les papiers, ça me dérange. C'est pourquoi, je ne vais pas voter."

Les commerçants Igbo ne veulent pas "perdre leur temps"

Buhari ou Attiku, cela ne fait pas de différence selon un commerçant de CotonouImage : Reuters/A. Sotunde

Au Bénin, les ressortissants nigérians ont fortement investi le secteur du commerce, en particulier les Igbos du Biafra. A Cotonou, ils tiennent le marché de friperies dénommé Missebo.

Le désintérêt pour cette présidentielle est palpable dans les propos des commerçants et la colère aussi parfois très vive.

"A chaque élection, on vous promet un meilleur Nigeria mais on voit bien la réalité. Je ne peux pas perdre mon temps pour aller voter alors qu'il n'y a aucun changement. Il n'y a pas de raison pour nous, les Igbos, de voter. Ils sont tous les mêmes, Atiku comme Buhari, il n'y a pas de différence."

"Si vous positionnez un Igbo dans cette présidentielle, ils vont l'enlever. Et c'est un problème pour nous. Toutes les richesses du pays viennent de chez nous mais nous n'en profitons pas. C'est pourquoi nous estimons qu'être indépendants est mieux pour nous. Ils voteront pour eux-mêmes. Nous, populations de Biafra, resterons à la maison."

"Ce n'est pas ainsi que c'est censé fonctionner. Quand vous êtes élu, ce n'est pas pour votre famille. Vous gouvernez tout le peuple. Nous sommes fatigués d'eux, nous voulons le Biafra et ainsi nous aurons la paix. Même ceux qui sont au Biafra ne voteront pas."

Voter pour donner une voix à la communauté

Pour Peter Mba, s'entêter ainsi n'est pas la meilleure option.

Le groupe sécessionniste du Biafra a créé la surprise en levant sa consigne de boycottageImage : DW/K. Gänsler

"Sans l'élection, même le référendum (sur l'indépendance du Biafra, ndlr) ne peut pas tenir. On doit participer à l'élection. Si on n'a pas les gens qui peuvent parler pour nous au gouvernement, comment pouvons-nous avoir ce que nous voulons ? Dire que le Biafra ne votera pas, donc c'est donner le pouvoir à Buhari de continuer ce qu'il fait."

Chief Okéréké Unéké, responsable de la communauté Igbo au Bénin, abonde dans le même sens.

"Si vous dites aux populations de ne pas voter, vous encouragez notre marginalisation. Donc, je conseille à tout le monde d'aller voter. S'abstenir n'est pas la bonne décision. Au contraire, cela ne nous donne pas le Biafra et cela ne nous donne pas le référendum."

La prise de position des Igbos aura un impact sur le scrutin.

À la veille de l'élection, Nandi Kanu, président du IPOB, Indigenous People Of Biafra, a créé la surprise en levant son appel au boycottage, sans donner d'explication ni de consigne de vote.

Voir aussi: Portfolio: Ce qui préoccupe les jeunes électeurs nigérians


Vidéo: le soutien des "parrains politiques" nécessaire pour remporter la présidentielle

 

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