Les opérateurs téléphoniques concurrents des banques
20 décembre 2017Au coin et le long des rues, dans les quartiers comme sur le lieu de travail, le téléphone mobile offre des services financiers nouveaux. Au centre de ces services, il y a le porte-monnaie électronique, indique Yves Happy, cadre dans une société de téléphonie mobile.
"Alors, le porte-monnaie électronique, c'est quoi ? Ce n'est pas une banque, explique-t-il. C'est simplement un compte qui permet de stocker un certain montant d'argent, de monnaie, pas très énorme, qui nous permettra d'effectuer des transactions de biens et de services du client quand il veut, où il veut, à condition qu'il ait de l'argent sur son compte."
L'avènement du porte-monnaie électronique est néanmoins douloureux pour certaines entreprises classiques de transfert d'argent qui accusent les opérateurs de téléphonie mobile de concurrence déloyale. Très vite, celles-ci ont perdu de la clientèle et une partie de leur chiffre d'affaires. Elles se disent aussi parfois victimes de coupures abusives de téléphone et d'Internet par les opérateurs de téléphonie mobile.
Les autorités monétaires ont été saisies sans totalement donner raison aux plaignants mais des plaintes sont toujours examinées par la justice. Olivier Djaba est banquier et il explique que "les dernières observations des autorités monétaires portaient sur les transferts hors zones CEMAC, mais pas sur le caractère illégal de l'activité de porte-monnaie électronique exercée par les entreprises de téléphonie mobile."
Les limites des opérateurs téléphoniques
La législation n'accorde pas encore directement aux opérateurs de téléphonie mobile le droit d'opérer dans le domaine de la monétique, du transfert d'argent et de la création de monnaie électronique. Pour devenir fournisseur par exemple du porte-monnaie électronique, l'opérateur de téléphonie mobile doit s'arrimer à une banque qui assure les outils de transaction et encadre les risques.
L'expert financier David Kengne n'y voit pas d'inconvénients. "Ceux qui combattent l'inclusion financière, affirme-t-il, ce sont les opérateurs qui n'ont pas pu anticiper sur les événements. A mon avis, en dehors des risques liés aux hackers, des risques sophistiqués du fait de la non-maîtrise de l'outil informatique, l'inclusion financière à travers les opérations de téléphonie mobile constitue l'un des instruments déterminants pour améliorer la qualité de vie des populations camerounaises."
Grâce à l'inclusion financière en générale, et au porte-monnaie électronique en particulier, le taux de bancarisation au Cameroun est passé de 6% en 2012 à 22% en 2017. Et la tendance reste croissante.