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Les opposants maliens à IBK refusent sa main tendue

Mahamadou Kane
17 juin 2020

Pour apaiser les tensions sociales dans le pays, le président Ibrahim Boubacar Keïta propose de former un gouvernement d'union nationale. Refus catégorique de ceux qui demandent sa démission.

Les opposants ne veulent pas entendre parler de collaboration avec le président IBK
Les opposants ne veulent pas entendre parler de collaboration avec le président IBKImage : Reuters/M. Rosier

Voilà qui ne va pas arrêter la crise politique en cours au Mali. Les membres du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces Patriotiques (M5-RFP) refusent la proposition du président Ibrahim Boubacar Keïta de former un gouvernement d'union nationale. Une proposition lancée déjà à demi-mot dans une adresse à la nation dimanche (14.06.20), avant l'annonce de discussions mardi (16.06.20). 

Elle intervient alors que plusieurs organisations de la société civile et partis politiques exigent la démission du président. Ce mardi (16.06.2020), le chef de l'Etat a aussi fait hier une série d'annonces pour mettre fin à la grève des enseignants du secteur public qui dure depuis sept mois. 

"Refonder l'Etat du Mali"

Mais les membres du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces Patriotiques (M5-RFP) refusent cette main tendue et continuent de réclamer la démission d'IBK. Le mouvement avait réussi à réunir des dizaines de milliers de personnes à la place de l'Indépendance de Bamako le 5 juin dernier. "Nous restons campés sur notre position", assure l'imam Oumarou Diarra, de la Coalition des mouvements et soutiens de l'imam Mahmoud Dicko, membre du Mouvement du 5 juin. 

"Nous n'avons pas demandé l'adhésion à un gouvernement, encore moins accepté d'aller échanger sur quoi que soit avec lui", poursuit-t-il. "Le président de la République connaît nos doléances, il connait nos objectifs. Nous les avons mis à la disposition de la presse nationale et internationale. C'est une seule chose : avoir sa démission. Une démission pacifique pour refonder l'Etat du Mali.''

Le Mouvement du 5 juin prévoit un rassemblement ce vendredi 19 juinImage : picture-alliance/AP Photo/B. Ahmed

Au-delà des leaders religieux, activistes et membres de la société civile, plusieurs figures de la scène politique malienne, comme l'ancien premier ministre Modibo Sidibé, l'ancien ministre de l'administration territoriale, le général Moussa Sinko Coulibaly, ou encore l'ancienne ministre et gouverneure de Bamako, Sy Kadiatou Sow, ont rejoint le mouvement. Ils dénoncent tous "une gestion clanique et désastreuse du pouvoir d'IBK durant les sept dernières années".

Question de "démocratie"

"Aller dans un gouvernement d'union nationale dans le fond est une question qui remet en cause fondamentalement la démocratie elle-même et remet en cause la lutte des idées et l'orientation que chacun souhaite pour le pays", justifie Babarou Bocoum, le secrétaire politique du parti SADI du célèbre opposant politique Oumar Mariko, membre du Mouvement du 5 juin. "La proposition du chef de l'Etat ne peut être recevable car la situation du pays est à un niveau tel qu'il va falloir qu'il y ait une clarification totale sur ce que chaque groupe voudrait pour le pays.''

Le Mouvement du 5 juin confirme la tenue de son rassemblement ce vendredi 19 juin à 14 heures GMT, à la place de l'Indépendance, pour répéter son exigence de démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.

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