Les Palestiniens attendent peu d'Obama
20 mars 2013Dès l’entrée de Ramallah, le ton est donné. Sur des affiches, le visage de Barack Obama a été barré d’une croix rouge. Le président américain n’est pas vraiment attendu à bras ouvert par les Palestiniens qui lui reprochent son inaction et son soutien à Israël.
« Je pense qu’il vient pour Israël, estime Ali Ayad, un entrepreneur d’Abu Dis près de Ramallah. Nous aurons de beaux discours mais aucune action concrète. Je ne suis pas pessimiste, mais réaliste ! J’ai vécu presque toute ma vie ici et je ne vois pas la situation s’améliorer, alors en quoi la visite d’Obama va-t-elle pouvoir changer les choses ? »
Un vote à l'ONU qui passe mal
Envolés, les espoirs suscités par le discours de Barack Obama au Caire en juin 2009, quand il se prononçait ouvertement pour la création d’un État palestinien. Quatre ans plus tard, les espoirs sont déçus et les États-Unis ont voté contre le statut d’État observateur non-membre pour la Palestine, en novembre dernier.
En Cisjordanie, la rancœur est grande et un groupe de jeunes appelle même à manifester contre sa venue. Yasmine Saleh fait partie de ce groupe :
« Nous n’attendons et nous n’espérons rien de bon. Il vient pour préserver ses relations avec Benyamin Nétanyahou et mettre la pression sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle retourne à la table des négociations selon les termes d’Israël. »
« Gagner du temps pour Israël »
Du côté des dirigeants palestiniens, l’ambiance n’est guère plus optimiste. « Notre expérience avec cette administration a vraiment été tragique, témoigne Hanan Asharawi de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). En quatre ans, elle a juste réussi à gagner du temps pour Israël, à prouver sa loyauté à Israël. Donc les États-Unis se sont disqualifiés eux-mêmes en tant qu’agent du processus de paix. »
Barack Obama devra aussi composer avec une situation de plus en plus tendue en Cisjordanie. Depuis plusieurs semaines, les affrontements entre jeunes manifestants et soldats israéliens sont presque quotidiens et se propagent à toutes les grandes villes palestiniennes.