Des mesures radicales contre le coronavirus en Europe
13 mars 2020Fermeture des frontières, suspension des vols vers et en provenance des zones à risque. De plus en plus de pays à travers le monde se replient sur eux-mêmes pour limiter la contagion au coronavirus Covid-19.
"Ne faites pas la même erreur que nous". L'appel de l'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi, mercredi en direct sur la chaîne américaine CNN, semble avoir été entendu en Europe.
Plusieurs pays européens ont emboîté le pas à l'Italie qui a confiné ses 60 millions d'habitants jusqu'au 3 avril. Le président français s'est adressé jeudi (12.03.2020) à ses concitoyens pour annoncer des mesures contre ce qu'il considère comme "la plus grave crise sanitaire depuis un siècle".
"Nous ne sommes qu'au début de cette épidémie", a prévenu Emmanuel Macron. "Partout en Europe, elle s'accélère et s'intensifie. Face à cela, la priorité absolue pour notre Nation sera notre santé."
Le coronavirus suspend la vie publique
La France ferme à partir de lundi ses établissements scolaires et universités et limite les rassemblements publics à cent personnes. Les autorités conseillent aux personnes vulnérables et âgées de plus de 70 ans de rester chez elles. Les élections municipales prévues dimanche, en revanche, ont été maintenues.
Des mesures similaires ont été prises au Portugal, au Luxembourg, mais aussi en Espagne ou en Belgique où non seulement les écoles, mais aussi les discothèques, restaurants et cafés resteront fermés jusqu'aux vacances de Pâques.
→ Lire aussi : Le coronavirus met le sport à l'arrêt
En Allemagne, le démarrage a été timide mais désormais, la plupart des Länder ont eux aussi annoncé la fermeture des écoles et la suspension des événements publics.
Armin Laschet, le ministre-président de Rhénanie du Nord-Westphalie, estime que le pays est devant la plus grande épreuve de son histoire.
Gagner du temps pour éviter la saturation des systèmes de santé
La région de l'Ouest est la plus peuplée d'Allemagne avec 18 millions d'habitants, elle compte aussi le plus grand nombre de cas de coronavirus.
"L'objectif principal est de gagner du temps pour développer des médicaments et des vaccins mais aussi surtout pour éviter la saturation de notre système de santé, il faut donc ralentir la progression du virus", a expliqué Armin Laschet lors d'une conférence de presse vendredi après-midi (13.03.2020).
"Nous avons besoin de toutes les capacités dans les hôpitaux, c'est pourquoi nous avons décidé de reporter toutes les opérations qui ne sont pas urgentes. Au vu de la dynamique attendue, nous avons besoin de tous les lits et de tous les personnels de santé."
Toutes les mesures prises pour enrayer l'épidémie ont des conséquences sur le quotidien pour les familles qui doivent organiser la garde de leurs enfants sans faire appel aux grands-parents puisque ces derniers font partie des populations à risque.
Télétravail, chômage partiel ou tout simplement congés forcés sont les solutions proposées pour que les entreprises puissent continuer à tourner. Les transports assurent eux aussi un service minimum.
Soutien à l'économie mais crainte de récession
Le risque d'une autre contagion, celle de la récession et de la panique des marchés financiers, a conduit les gouvernements à annoncer des mesures de soutien inédites aux entreprises.
L'Allemagne met par exemple en place le plus grand plan d'aide de son histoire, avec des prêts illimités d'un montant total d'au moins 550 milliards d'euros.
La Commission européenne a elle aussi promis une flexibilité budgétaire maximale pour aider les pays membres à passer le cap de l'épidémie, dont le pic n'est pas attendu avant trois ou quatre mois selon les scénarios. Au niveau mondial, l'OMS estime qu'il est même "impossible" de le prévoir à l'heure actuelle.
L'UE s'attend déjà à une croissance négative pour l'année 2020.