Les prix du carburant continueront à grimper au Cameroun
Elisabeth Asen
10 janvier 2024
Au Cameroun, la dernière augmentation des prix de l’essence a moins d'un an. Une nouvelle hausse de 20% est prévue prochainement selon le président Paul Biya.
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Au Cameroun, c'est le président Paul Biya lui-même qui a annoncé cette augmentation du prix de l’essence de 20 % lors de son discours du 31 décembre.
Paul Biya a évoqué les contraintes budgétaires qui obligeraient l’Etat à baisser la subvention d'un peu plus d'un milliard et demi de dollars qui pèserait significativement sur le trésor public.
Station motos au carrefour Mimboman à Yaoundé, la température avoisine les 36°. Dieudonné Djomou, somnole sur sa moto, les clients sont rares. Approché, le conducteur de taxi-moto de 57 ans, exprime son inquiétude après les propos du président Paul Biya le 31 décembre dernier. "Ce n'est pas facile de nourrir les enfants, ceux qui ont le baccalauréat, le BTS, sont à la maison et on ne sait pas comment faire alors que lui (Paul Biya) parle d'augmentation du carburant", s’insurge Dieudonné.
Yaoundé, ma capitale
03:03
Sentiment d’abandon de l’Etat
Face à la complexité du secteur pétrolier et surtout à cause du poids de la subvention étatique sur ces produits, sans compter avec les exigences du FMI qui réclame depuis des années une levée des subventions sur les prix du carburant, les Camerounais se sentent acculés.
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Rodrigue Koungang, commerçant, estime que "quand ils augmentent le carburant, cela a un impact partout mais pas pour eux. Nous sommes gouvernés par des démons, ils n'ont aucun sentiment. C'est pour leur bien-être qu'ils le font."
Toutefois le président Paul Biya a rassuré que les mesures d'accompagnement seront prises afin que les Camerounais ne ressentent pas le poids de cette décision.
Qui sont les présidents "Duracell" en Afrique ?
Certains présidents sont au pouvoir depuis si longtemps que la plupart de leurs concitoyens n'ont jamais vu d'autre dirigeant. Le chef d'Etat le plus âgé et le chef d'Etat au long règne dirigent deux pays voisins.
Le chef de l'Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo
Avec 45 ans de service, Teodoro Obiang Nguema est actuellement le président au plus long règne en Afrique. Jusqu'en 2017, il partageait ce long règne avec José Eduardo dos Santos. Le chef de l'Etat angolais avait alors quitté ses fonctions, qu'il avait prises en 1979, tout comme Obiang Nguema. Obiang Nguema s'est fait réélire président en 2022. Son fils est prêt à prendre la relève.
Image : Ludovic Marin/AFP
Le président camerounais Paul Biya
Le chef d'Etat camerounais occupe la première place dans une autre catégorie : né en 1933, Paul Biya est le plus vieux président d'Afrique. Il est au pouvoir depuis 1982 - et a déjà été Premier ministre pendant sept ans auparavant. En 2008, la Constitution camerounaise a été spécialement modifiée pour permettre à Biya de briguer d'autres mandats. Son mandat actuel court jusqu'en 2025.
Image : Stephane Lemouton/abaca/picture alliance
Le président congolais Denis Sassou Nguesso
Denis Sassou Nguesso a déjà modifié la Constitution pour briguer des mandats supplémentaires : il est à la tête de la République du Congo depuis environ 40 ans, avec une brève interruption entre 1992 et 1997. Lors de sa dernière réélection en 2021, la conférence épiscopale s'est plainte du manque de transparence.
Image : Russian Foreign Ministry/AFP
Le président ougandais Yoweri Museveni
Yoweri Museveni est au pouvoir depuis plus de trois décennies. Une grande partie de ses compatriotes ne connaît pas d'autre président. Environ 80 % des 46 millions d'Ougandais sont nés après son arrivée au pouvoir en 1986. Alors qu’il avait 76 ans, Museveni avait fait supprimer la limite d’âge pour briguer son sixième mandat en 2021.
Image : ABUBAKER LUBOWA/REUTERS
Le roi Mswati III d’Eswatini
Mswati III devait encore attendre sa majorité pour être intronisé comme roi : Il avait 14 ans lorsque son père Sobhuza II est mort en 1982 après 61 ans de règne. Ce n'est que quatre ans plus tard que Mswati III a endossé le rôle de seul monarque absolu d'Afrique. Formellement, sa mère règne avec lui sur le petit Eswatini en tant que iNndlovukazi ("grande éléphante").
Image : Dan Kitwood/empics/picture alliance
Le président érythréen Isaias Afwerki
Ce petit pays des bords de la mer Rouge n'a jamais eu d'autre chef d'Etat : Isaias Afwerki a été nommé président en mai 1993, juste après que les Erythréens se sont prononcés pour l'indépendance de leur pays. Au début, il avait la réputation d'être un réformateur. Depuis, il est considéré comme un autocrate qui dirige son pays d'une main de fer et l'a largement isolé sur la scène internationale.
Image : Stanislav Krasilnikov/TASS/AFP
Le président djiboutien Ismail Omar Guelleh
Il est le dernier de cette liste à être arrivé au pouvoir avant le début du millénaire : Ismail Omar Guelleh est président de Djibouti depuis 1999. Il a réussi à exploiter la situation géopolitique favorable du détroit de la péninsule arabique pour le développement de son petit pays. Aujourd'hui, Djibouti sert de base militaire aux Etats-Unis, à la France, au Japon, mais aussi à la Chine.
Image : Mohammed Dhaysane/AA/picture alliance
Le président Paul Kagame du Rwanda
Paul Kagame dirige le Rwanda depuis la fin du génocide en 1994. Lors d'un référendum en 2015, il s'est lui aussi assuré de l'abandon de la limitation à deux mandats : il pourrait désormais rester au pouvoir jusqu'en 2034, à condition de se présenter aux élections tde 2024 et 2029. Lors des précédentes élections de 2017, les résultats officiels lui ont attribué 98,8 % des suffrages exprimés.
Image : Trinidad Express Newspaper/AFP
Le président Faure Gnassingbé du Togo
En 2005, Faure Gnassingbé a succédé à son père, qui a dirigé le Togo pendant 38 ans, au poste de président. Après des protestations massives de la population contre la "dynastie" Gnassingbé, une loi limitant le nombre de mandats présidentiels a été promulguée en 2017. Toutefois, cette loi n'est pas rétroactive : Gnassingbé peut également se représenter en 2025.
Image : Ute Grabowsky/photothek/IMAGO
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Les Camerounais espèrent des mesures de soutien
Selon le chef de l’Etat camerounais, "l’année dernière, le gouvernement a été amené à procéder à un léger relèvement du prix du carburants à la pompe. Grâce à cette mesure, la subvention des produits pétroliers, qui était de plus de 1000 milliards de francs CFA en 2022, a été réduite à environ 640 milliards de francs CFA en 2023. Cependant, cette subvention continue de peser significativement sur le trésor public. Nous n’aurons très certainement pas d’autre choix, que de la réduire de nouveau. Nous veillerons néanmoins à ce que les ajustements nécessaires n’impactent pas substantiellement le pouvoir d’achat des ménages."
Après ce discours, les Camerounais attendent les clarifications et les mesures d’atténuation telles que mentionné par Paul Biya, pour alléger les impacts potentiels sur les ménages et l'économie du pays.