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Les révolutions confisquées en Algérie et au Soudan

22 juin 2019

Huit ans après le printemps arabe de 2011, deux pays, l’Algérie et le Soudan, se battent pour réussir leur mue politique et démocratique. L'armée détient encore le pouvoir et les contestataires sont frustrés.

Proteste in Algerien
Image : Reuters/R. Boudina

"La démocratisation est un processus qui prend du temps" (Masri Feki-politologue)

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En Algérie, en dépit de la démission le 2 avril dernier de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, les Algériens continuent de descendre dans la rue tous les vendredis pour dénoncer l’omniprésence du tout-puissant chef d’état-major, le général Ahmed Gaid Salah qui incarne le système Bouteflika.

Les populations battent le pavé pour exiger aussi que la transition soit dirigée par de nouvelles figures crédibles et neutres n’ayant pas collaboré avec le régime déchu.

Le général Ahmed Gaid Salah (à droite) en compagnie de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika (à gauche) en 1998.Image : picture-alliance/K. Mohamed

La situation est similaire au Soudan après la destitution d’Omar el-Béchir le 11 avril et la mise en place d’un Conseil militaire de transition dirigé par un de ses proches, Abdel Fatah al-Burhan. Selon Mohammed Tozi, politologue marocain, "les processus se ressemblent en l'Algérie et au Soudan mais ils ne sont pas les mêmes. Au Soudan, ce qui est mis en cause, c'est à la fois l'armée et les islamistes politiques. En Algérie, le blocage est beaucoup plus fort. Le mouvement est beaucoup plus structuré, la demande un peu plus claire mais le blocage est plus fort parce que l'armée est monolithique."

Lutte de longue haleine

Même si le pouvoir est toujours entre les mains des militaires en Algérie et au Soudan, certains analystes sont tout de même confiants.

"La démocratisation est un processus qui prend du temps. Ça été long en Europe au moment des révolutions démocratiques. C'est la direction, l'évolution naturelle des choses, avec une jeunesse cultivée, active, consciente. C'est vraiment impressionnant", explique Masri Feki, le géopolitologue et auteur de nombreux ouvrages sur le Moyen-Orient.

Dans la région, seule la Tunisie semble avoir réussi sa transition démocratique. Ce n’est pas le cas pour l’Egypte dirigée par le maréchal Abdel Fattah al-Sissi depuis le renversement par l'armée, dont il est issu, du président islamiste Mohamed Morsi en 2013.

Par ailleurs, dans d'autres pays, comme la Syrie, le Yémen et la Libye, les révoltes contre les pouvoirs en place se sont transformées en guerres civiles qui ont déstructuré profondément les bases de ces sociétés.

Médiation au Soudan

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est arrivé ce vendredi à Khartoum pour tenter une médiation. Il a rencontré à Khartoum Abdel Fatah al-Burha, le chef du Conseil militaire et les leaders de la contestation qui exigent toujours un transfert du pouvoir aux civils.

Le Premier ministre de l’Éthiopie à Khartoum avec l'un des représentants de la contestation au Soudan.Image : Reuters/M.N. Abdallah

Selon Abiy Ahmed, "l'armée, le peuple et les forces politiques doivent faire preuve de courage et de responsabilité en prenant des actions rapides vers une période de transition démocratique et consensuelle dans le pays".

La visite Premier ministre éthiopien intervient au lendemain de la suspension de la participation du Soudan à l'Union africaine (UA) "jusqu'à l'établissement effectif d'une autorité civile de transition".