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Les racines coloniales du génocide au Rwanda

La rédaction francophone
12 avril 2024

La DW vous propose "A la reconquête de l'Histoire", une série documentaire en sept épisodes pour mieux comprendre les origines de la division au sein de la société rwandaise.

Samuel Ishimwe, son oncle et sa tante, dans une école, pendant l'interview
Samuel Ishimwe retourne avec les survivants de sa famille sur les lieux de leur enfanceImage : Matthias Frickel/DW

Le génocide au Rwanda, c'était il y a trente ans. A cette occasion, la Deutsche Welle vous propose "A la reconquête de l'Histoire", une série documentaire en sept épisodes pour notamment mieux comprendre les racines coloniales du génocide contre les Tutsi, et les origines de la division au sein de la société rwandaise.

Le cinéaste Samuel Ishimwe, qui a lui-même perdu ses parents et une partie de sa famille, est parti sur le terrain, à la rencontre de témoins et d'historiens.

"Quelle était notre identité avant que les Allemands et les Belges ne viennent coloniser le Rwanda ? Qui nous a divisés en tutsis, hutus et twas ? Nous-mêmes, ou le colonialisme ?”, se demande le réalisateur, en parcourant son pays mais aussi l'Europe, à la rencontre de témoins et d'historiens.

Sur cette photo, seules deux personnes ont survécu au génocide Image : Samuel Ishimwe/DW

Il décortique l'apparition de la soi-disant "appartenance ethnique" dans le vocabulaire, la signification des mots Tutsi, Hutu et Twa.

Samuel Ishimwe retourne avec des survivants sur les lieux, désormais hantés par les massacres, ou par la division au sein de la société rwandaise. Comme dans cette école, fréquentée par sa famille.

"A l'école, on nous apprenait que les Hutu avaient été opprimés par l'empire tutsi, raconte l'oncle de Samuel. Nous n'étions que deux Tutsi dans la classe. On nous battait très violemment. On nous frappait sans raison apparente, ou alors ils inventaient une raison."

Samuel Ishimwe avait dix ans lorsque les corps de ses parents ont été exhumés. "C'est très difficile à expliquer à quelqu'un qui ne vient pas du Rwanda. C'était quelque chose de très normal. Ce n'était pas un événement spécial. Les gens ne pleuraient pas. C'est un moment de ma vie d'enfant", explique-t-il.

Le cinéaste traverse le documentaire avec cette question essentielle : aurait-on pu éviter ce génocide ? Il pose la question au lieutenant général Roméo Dallaire, ancien commandant de la force de la mission des Nations unies pour le Rwanda.

Trois mois avant le génocide, il avait alerté le siège de l'Onu sur ce qui se préparait. Ses appels sont restés sans réponse.

"Il est indéniable que je suis reparti avec la conviction que tous les êtres humains n'étaient pas traités sur un pied d'égalité. Nous avions envoyé 67.000 soldats en Yougoslavie. En fin de course, je n'ai même pas pu garder les 450 hommes dont je disposais. Je n'ai jamais obtenu les troupes dont j'avais besoin", fustige Roméo Dallaire.

Les épisodes du documentaire sont publiés progressivement, notamment sur la chaîne YouTube de la DW AfriqueImage : Matthias Frickel/DW

Les témoignages que vous entendrez dans ce documentaire sont puissants, dramatiques, bouleversants, et souvent remplis d'humanité. 

"Nous avons pardonné à ceux qui ont détruit nos maisons. Nous avons décidé de leur pardonner, pour que nos cœurs soient en paix, et que nous puissions continuer à vivre", confie l'oncle de Samuel.