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ConflitsMoyen-Orient

Les objectifs d'Israël au Liban

25 septembre 2024

Le gouvernement israélien justifie ses raids contre le Hezbollah par la sécurisation de la Galilée. Mais Benjamin Netanyahu poursuit aussi d'autres objectifs.

Liban: une colonne de fumée s'élève de Majayoun, dans la vallée de Khiam, après un bombardement israélien (photo du 24 septembre 2024)
Israël considère le Hezbollah comme une grande menaceImage : AP

Le risque de "guerre totale" au Proche-Orient inquiète jusqu'aux Nations unies. La situation au Liban et à Gaza est au cœur de nombreuses discussions de l'Assemblée générale des Nations unies qui se tient cette semaine, à New York. 

Les autorités libanaises affirment que les frappes israéliennes sur leur territoire ont déjà fait plus de 550 morts depuis le début de la semaine. La population du sud du Liban fuit la zone frontalière en direction de Beyrouth, plus au nord.

Des habitants de Naameh qui fuient pour se réfugier à BeyrouthImage : Fadel Itani/AFP/Getty Images

Sécurisation du nord d'Israël

Jusqu'à présent, Israël justifie ses attaques sur le Liban par la nécessité d'assurer la sécurité de la Haute Galilée et de la Galilée, régions qui touchent le Liban. Près de 60.000 Israéliens ont quitté la zone cette année, en raison des frappes du Hezbollah

Pour Sanam Vakil, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein du groupe de réflexion britannique Chatham House, il s'agit d'abord pour l'Etat hébreu d'empêcher le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais de mener des attaques conjointes, en s'alliant avec l'Iran et les Houthis du Yémen.

"Depuis le 7 octobre 2023, un "axe de résistance" tente de s'unifier et de faire pression sur Israël simultanément, explique Sanam Vakil.  Israël n'a pas été en mesure d'obtenir un cessez-le-feu à Gaza, ni d'obtenir un accord de paix avec le Hezbollah, à cause de Gaza. Cette opération israélienne vise donc à dissocier ces deux fronts."

L'armée israélienne affirme viser des caches du Hezbollah au LibanImage : Mahmoud Zayyat/AFP/Getty Images

L'ombre de la guerre de 2006

En 2006, Israël et le Hezbollah se sont déjà fait la guerre. On appelle ce conflit "la deuxième guerre du Liban". Elle s'est terminée par l'adoption de la résolution 1701 des Nations unies. Le texte prévoyait un cessez-le-feu immédiat, le déploiement de troupes libanaises et de casques bleus dans le sud du Liban, le retrait des forces de défense israéliennes et du Hezbollah de cette même région, ainsi que le désarmement du Hezbollah.

Mais contrairement à ses engagements, le Hezbollah ne s'est pas replié sur la rive du fleuve Litani, situé à 40 kilomètres au nord de la frontière, et la milice chiite n'a pas non plus renoncé à ses armes. Au cours des années qui ont suivi, avec le soutien de l'Iran, l'équipement militaire du Hezbollah et le nombre de combattants entraînés se sont même multipliés.

Cette situation alimente également la crainte que les combattants du Hezbollah n'enlèvent à l'avenir des citoyens israéliens pour les emmener sur leur territoire.

Les Etats-Unis et l'Allemagne considèrent le Hezbollah comme une organisation terroriste. L'Union européenne, elle, classe sa branche armée sur la liste des groupes terroristes.

La principale menace pour l'Etat hébreu

Sanam Vakil rappelle pour sa part que le Hezbollah reste une "menace" et "le plus grand défi sécuritaire d'Israël". Elle explique qu'"Israël n'a pas de stratégie de retrait à Gaza. […] Cette guerre est donc une tentative de diversion par rapport à l'absence de stratégie à Gaza. Enfin, bien sûr, cette opération militaire et cette escalade dangereuse se produisent sous la justification ou au prétexte qu'Israël cherche à renvoyer ses citoyens déplacés dans le Nord."

Iron Dome, le système de défense antiaérien de l'Etat d'Israël détruit les missiles lancés depuis le Liban en plein vol Image : Baz Ratner/AP Photo/dpa/picture alliance

Politique intérieure

La population israélienne s'impatiente. La pression exercée sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu, pour qu'il parvienne à un accord de cessez-le-feu et qu'il obtienne le retour des otages, est de plus en plus forte.

"Du point de vue israélien, la pression politique intérieure est très forte et s'intensifie, semaine après semaine", affirme Lorenzo Trombetta, chercheur sur le Moyen-Orient basé à Beyrouth et consultant pour des agences de l'Onu. "Mais qui sait si - et quand - une opération terrestre israélienne pourrait être lancée ? Et quelle serait la réaction de l'Iran si le Hezbollah était sur le point de subir une défaite totale contre Israël ?"

Initialement, Benjamin Netanyahu devait prendre la parole ce soir, à la tribune des Nations unies, mais ses services ont fait savoir qu'il repoussait sa venue – et donc son discours – à demain [26.09.24].

Il  n'est pas certain, cependant ,que le Premier ministre israélien réponde directement et dans ce cadre à toutes ces questions en suspens.