Au Mali, trois semaines après l'attaque contre le navire Tombouctou sur le fleuve Niger qui a fait 64 morts, les survivants commencent à être reconduits chez eux.

C'est à l'école Bahadou de Tombouctou que s'effectue la prise en charge des rescapés. Beaucoup sont encore sous le choc. Une des survivantes explique avoir vécu un cauchemar. "Evoquer le drame du bateau me rend triste, je n'ai pas de mots", explique-t-elle au micro de la DW. 

"Vous avez certainement vu les images à la télé. Mais nous, nous les avons vécues en direct. Les corps que nous avons enterrés, je ne sais même plus combien, tant ils étaient nombreux. Ce sont des dizaines de morts. Nos familles souffrent beaucoup de cette situation, plus que nous-mêmes. Nous avons du mal à nous exprimer. Nous n'avons que nos larmes pour pleurer."

Pour cet autre survivant, les histoires de ceux qui ont survécu à la tragédie du navire Tombouctou sont plus bouleversantes les unes que les autres : "Il y en a parmi nous qui ont perdu tous leurs proches dans l'attaque du bateau."

"Nous avons un bébé de moins de 40 jours qui a perdu sa mère, ses frères et sœurs. C'est son grand-père qui s'occupe de lui désormais. Nous avons également des enfants de trois, quatre, cinq ans… qui ont perdu leur mère dans cette tragédie. Nous avons beaucoup de cas comme ça."

L'attaque du navire avait été revendiquée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, le JNIM de Iyad Ag Ghaly.

Des rescapés pris en charge

Face à l'ampleur du drame, le président de la transition avait annulé les festivités du 22 septembre, fête de l'indépendance du Mali, et débloqué 250.000 francs CFA pour chacun des survivants.

Le colonel Assimi Goïta a également décidé de prendre en charge les frais de déplacement des rescapés jusqu'à leurs domiciles, grâce aux avions de l'armée malienne. Mais en attendant, ceux-ci bénéficient de l'accompagnement des autorités régionales et des acteurs humanitaires présents à Tombouctou.

"A ce jour, nous sommes à 233 rescapés évacués", déclare Salaha Maiga membre du Conseil national de transition et un des facilitateurs de l'opération d'évacuation des rescapés du bateau Tombouctou.

"Demain, l'avion reviendra pour prendre un nombre équivalent à 70 ou bien 65 personnes à peu près. La grande majorité des rescapés viennent des régions du sud du pays, notamment Koulikoro, Bamako, Ségou, Markala et une partie, c'est-à-dire le quart, de Mopti et ses environs."

Parmi les 407 rescapés, seuls 63 sont originaires de la région de Tombouctou.