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Les Sénégalaises peinent encore à devenir propriétaires

27 septembre 2023

Au Sénégal, l'accès des femmes au foncier, notamment dans les zones rurales, reste extrêmement limité.

Des femmes propriétaires de leur terre à Mboulème
Des femmes propriétaires de leur terre à MboulèmeImage : Maria Gerth-Niculescu/DW

Dans le village de Mboulème, au Sénégal, un groupement de femmes détient désormais un lopin de terre. Une chose rare dans les campagnes sénégalaises, où le foncier est principalement géré par les hommes.

Une tradition fermement ancrée que Tening Sene, présidente du groupement Mboga Yiif, a voulu questionner malgré les difficultés.  

"On me mettait mal avec mon mari en lui disant que sa femme ne le respectait pas. Mais ce n'était pas le cas, je voulais juste améliorer les conditions de vie de ma communauté. Si tu as la chance d'avoir de la terre comme les hommes, cela te permettra de travailler librement. C'est pourquoi nous luttons pour avoir accès à la terre", explique-t-elle au micro de la DW. 

Tening Sene, avec l'aide de sa fille, a finalement su convaincre son mari qui a légué 1,5 hectare de terre arable, désormais exploité par une quarantaine de femmes. Une victoire symbolique, mais encourageante pour les femmes rurales sénégalaises.

Une minorité de femmes propriétaires

L'égalité des droits fonciers entre hommes et femmes au Sénégal et au-delà

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Dans le pays, seules 15% des femmes sont propriétaires de terres, selon l'agence onusienne pour l'agriculture. La propriété foncière se transmet traditionnellement d'homme à homme.

Les femmes manquent de moyens pour renverser la tendance et n'ont souvent pas accès à l'information nécessaire pour entamer des démarches.

"Si nous voulons vaincre l'insécurité alimentaire, si nous voulons préserver nos ressources, il faut prendre en compte les besoins spécifiques des femmes agricultrices, c'est-à-dire un accompagnement pour renforcer la productivité de nos terres, un financement adapté mais du matériel adapté aussi", assure Julie Cissé, directrice exécutive du réseau Gips War, le Groupe d'initiative pour le progrès social, qui milite pour l'accès des femmes à la terre en Afrique depuis des années.

"C'est par l'exemple qu'on arrivera à convaincre cette communauté masculine à libérer beaucoup plus de terres pour ces femmes."

Revaloriser les terres 

Mais pour assurer l'autonomie financière des femmes rurales au Sénégal, il faudra aller plus loin. Des organisations alertent quant à l'importance de revaloriser l'agriculture et de défendre les populations rurales, notamment les femmes et les jeunes, face à l'accaparement des terres par des entreprises.

"Si l'agriculture n'est pas reconnue, si elle n'est pas valorisée, si elle n'est pas considérée comme un métier viable, on risque de se retrouver avec des paysans ou des jeunes sans terre parce que tout sera parti, le frère aura vendu parce que ça n'a pas donné, et s'il vendent les terres, des multinationales et des privés auront, eux, les moyens pour valoriser l'agriculture", affirme Mariam Sow, directrice du réseau international Enda Tiers Monde. 

Si la société sénégalaise, encore très patriarcale, ne permet pas aux femmes de devenir propriétaires facilement, les choses évoluentImage : Jane Hahn/AP/picture alliance

"Alors ces femmes qui avaient leur petit hectare, ou bien ces femmes qui avaient pris leur part de l'héritage, ça ne leur suffira plus pour leurs enfants. C'est ça le danger, c'est là où l'accès des femmes au foncier doit être contrôlé par rapport à la vision futuriste du développement de ce milieu."

Une vision futuriste qui reste à consolider.

A Mboulème, les femmes espèrent étendre leur parcelle agricole et obtenir des financements pour pérenniser leurs activités - dont un projet de ferme agroécologique et un poulailler communautaire.