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Les sanctions de la Cédéao contestées au Mali

Mahamadou Kane
18 novembre 2021

Mohamed Ousmane Ag Mohamedine, membre du CNT, voit la main de Paris dans les sanctions décidées par la Cédéao contre le gouvernement malien et les députés.

Nana Akufo-Addo (à gauche) lors de sa visite à Bamako le 18 octobre 2021, avec Assimi Goïta
Nana Akufo-Addo (à gauche) lors de sa visite à Bamako le 18 octobre 2021, avec Assimi Goïta Image : Präsidentschaft von Mali

Au Mali, les membres du gouvernement et du Conseil national de la transition sont désormais interdits de voyager dans l'espace Cédéao, leurs avoirs seront également gelés. C'est la décision prise hier [17.1121] par les chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

Mais le président de la transition, Assimi Goïta, ainsi que son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, ne figurent pas sur la liste des personnalités sanctionnées.

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est lui aussi visé par les sanctions de la CédéaoImage : Pressedienst des Premierministers

Tous... sauf un

Au total, 28 des 29 membres du gouvernement, parmi lesquels le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, et l'ensemble des 121 membres du CNT, l'organe législatif de la transition, sont concernés par ces sanctions individuelles de la Cédéao. Ces sanctions devraient s'étendre aux proches des personnalités mises en cause.

Dans son communiqué, l'organisation ouest africaine se dit convaincue que l'imposition des sanctions ciblées est susceptible de créer "une atmosphère favorable au retour à l'ordre constitutionnel et à l'Etat de droit."

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, échappe aux sanctionsImage : MAE

La main de Paris ?

Mohamed Ousmane Ag Mohamedine, membre du CNT et donc lui-même visé par les sanctions, s'en prend de manière inattendue non pas à la Cédéao mais… à la France qui, selon lui, a influencé la décision de la Cédéao. Il estime ainsi que Paris devrait respecter le choix des Maliens d'aller aux assises avant de fixer la date des futures élections.

Cette question relève totalement de la souveraineté de l'Etat et de sa population, estime Mohamed Ousmane Ag Mohamedine. La France n'a pas à dire non à cela. Au contraire, si elle a quelque chose à offrir, qu'elle l'offre dans le sens de l'accompagnement, mais elle ne doit pas s'opposer à nos choix," fulmine-t-il.

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Mohamed Ousmane Ag Mohamedine poursuit : "Nous ne sommes pas un quartier, encore moins une région de la France. Notre peuple a été indépendant avant l'indépendance politique avec une histoire glorieuse. De quel droit la France peut dire : non, je ne suis pas d'accord. Heureusement que nous avons des autorités qui comprennent qu'on n'a même pas le choix. Il faut aller vers l'affirmation de notre dignité, vers l'affirmation de notre souveraineté, dans le respect des autres."

>>> Lire aussi : "Les solutions à cette crise devront être maliennes"

La population malienne n'est pas visée

L'économiste Amadou Bamba estime que la Cédéao a pris le soin d'épargner pour l'instant la population malienne en ciblant les personnalités politiques.

La transition malienne va devoir montrer la direction d'ici au 12 décembreImage : Getty Images/AFP/M. Cattani

Amadou Bamba pense aussi que les autorités de la transition ont encore le temps de donner des indications claires sur le calendrier électoral avant le sommet de la Cédéao, prévu le 12 décembre. C'est la date à laquelle, rappelle-t-il, "la Cédéao prévoit, si rien n'est fait de la part des autorités maliennes, de durcir les sanctions". 

Chronogramme des élections

L'économiste prévoit que "c'est [seulement à compter de cette date] que ça va commencer vraiment à mal tourner pour le régime de Bamako. Sinon jusqu'au 12 décembre prochain, même sans voyager, les avoirs gelés, cela ne devrait pas poser de problèmes. Mais la marge de manœuvre maintenant pour les autorités c'est de tout faire pour dresser un calendrier électoral et montrer leur bonne volonté en vue d'aller vers les élections."

Lors de sa visite à Bamako le 17 octobre dernier, les autorités de la transition avaient annoncé au président ghanéen, président en exercice de la Cédéao, qu'aucune date ne pourrait être donnée sur le calendrier électoral avant la tenue des assises nationales de la refondation qui devraient se tenir du 20 au 26 décembre prochain.