Les services de renseignements dans la tourmente
3 juillet 2012Le directeur du "Bundesamt für Verfassungsschutz", l'Office fédéral de protection de la Constitution - c'est le nom des services de renseignements intérieurs allemands - a démissionné lundi 2 juillet. Heinz Fromm endosse ainsi la responsabilité de la destruction, par ses services, de documents qui auraient peut-être pu expliquer pourquoi le groupe - deux hommes et une femme - a pu assassiner des étrangers sur une période de plusieurs années sans être inquiété par la police.
Premier scandale il y a un an
C'était après que la police eut enfin découvert, plus par hasard que par perspicacité, que les assassinats de huit citoyens turcs, d'un Grec et d'une policière entre 2000 et 2007 avaient été perpétrés par trois néo-nazis. Ce n'est donc qu'en 2011 que la police a eu connaissance de l'existence de la cellule NSU, "Clandestinité national-socialiste".Jusque-là, les services de sécurité avaient suivi d'autres pistes et parlaient de règlements de compte entre trafiquants de drogue turcs.
La vérité éclate au grand jour
Après l'attaque d'une banque à Eisenach, dans l'est du pays, des policiers étaient sur les talons des deux auteurs présumés. Mais avant d'être arrêtés, les deux hommes se sont donné la mort dans le camping-car qu'ils avaient loué pour leur cambriolage. Le troisième membre du trio néo-nazi, une femme, a elle été arrêtée à l'automne dernier après avoir fait exploser l'appartement qui leur servait de base, dans le but de détruire divers documents ainsi que des vidéos des meurtres perpétrés. Mais cette explosion a été vaine, la police a trouvé suffisamment de preuves dans les décombres.
Après cela, la chancelière avait demandé pardon aux familles des disparus parce que les services de sécurité avaient été jusqu'à suspecter les victimes des crimes du trio d'être elles-mêmes des délinquants.
Le chef des renseignements démissionne
Après la révélation par des médias allemands qu'un membre de ses services avait détruit à la broyeuse des documents concernant des informateurs d'extrême droite travaillant pour eux, Heinz Fromm a ainsi endossé la responsabilité de cet acte. On peut spéculer sur la teneur de ces documents détruits. Certaines voix dans les milieux médiatiques et politiques avancent la thèse que les services auraient eu à leur disposition des indications sur les agissements de la cellule néo-nazie, ils s'interrogent sur les raisons pour lesquelles cette piste n'a pas été suivie.
Le chef des renseignements généraux a reconnu que la destruction de ces documents avait causé "un grave tort à la réputation" de l'Office. Une réputation qui, il faut le dire, était déjà fort entâchée, étant donné que ses services n'avaient pas pris au sérieux la thèse des crimes racistes.
Le ministère de l'Intérieur a confirmé que Heinz Fromm quitterait son poste, qu'il occupait depuis l'an 2000, à la fin du mois de juillet. Hans Peter Friedrich, le ministre allemand de l'Intérieur a annoncé envisager une réforme des services de renseignements intérieurs.