Les Suisses contre les rémunérations excessives
4 mars 2013Retraites chapeau, parachutes dorés et rémunérations exhorbitantes... dans les années 80 les conseils d'administration des grands groupes avaient fait preuve de beaucoup d'imagination pour , disait-on, attirer les meilleurs dirigeants. A l'heure de la crise cela ne passe plus. Pas même en Suisse, le pays de la banque et de la finance. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est la prime de départ de 72 millions de francs suisses - soit 60 millions d'euros - que devait toucher fin février le patron de Novartis, Daniel Vasella. Devant le tollé provoqué, il y avait renoncé. Mais trop, c'est trop. L'initiative populaire fédérale, lancée en 2008 par le sénateur et entrepreneur Thomas Minder à l'occasion de la quasi faillite de la banque UBS, a rapidement recueilli les 100 000 signatures nécessaires pour organiser un vote. La colère des Suisses vient de s'exprimer clairement, puisque l'intiative a receuilli pratiquement 2/3 des voix, comme le constate Thomas Minder: "Le peuple suisse a décidé d'envoyer un signal fort envers les conseils d'administrations mais aussi envers le Conseil fédéral mais aussi le Parlement suisse"
Un exemple pour l'Europe
Concrétement , l'initiative Minder, prévoit de "limiter les rémunérations excessives" des patrons. Avec à la clé des sanctions sévères en cas d'infraction: une amende correspondant à six ans de revenu ou à trois ans de prisons. Les indemnités de départ ou les primes pour les achats d'entreprises sont interdites. Enfin ce seront les actionnaires qui voteront directement les rémunérations du conseil d'administration et des dirigeants. Inutile de dire que les entreprises suisses et leur représentants s'étaient vigoureusement opposées à ce texte. En Allemagne la discussion est lancée: le parti libéral FDP, membre de la coalition d'Angela Merkel et proche des milieux d'affaires, estime qu'une réglementation des rémunérations des dirigeants doit aussi être mise en place. D'accord dit le parti d'opposition social démocrate SPD, mais à condition que ce soit la loi et non pas les actionnaires qui fixent la limitation. Bref, à quelques mois des législatives allemandes, le thème est porteur...