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Les systèmes de vote électronique en question

18 septembre 2017

Plusieurs pays africains ont mis en place un système de vote électronique, censé assurer la crédibilité du scrutin. Mais l'informatique comporte aussi certains risques, comme on l'a vu récemment au Kenya.

Kenias Oberstes Gericht
Image : picture-alliance/AP Photo/S. Azim

"Il faut s’attacher à assurer l’indépendance des juridictions" (Charles Yaovi Djrekpo, directeur résident du National Democrate Institut)

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Les récentes élections au Kenya ont bénéficié d’un appui électronique conséquent fournit par une société française venu appuyer le travail de la CENI, la commission électorale. Il se trouve cependant qu’au moment de la publication des résultats, l’apport de la technologie a été largement remis en cause. Pour Betty Okero, coordinatrice de la société civile à Kisumu, le problème vient essentiellement de la défection des appareils mais aussi de la crise de confiance qu’ont les Kenyans envers la commission électorale. "Les satellites en lien avec les machines n'ont même pas été fournis ! Cela ressemble à un sabotage intentionnel", s'agace-t-elle.

Une méfiance envers la machine que les autorités n'auraient même pas cherché à corriger. "Jusqu’à aujourd’hui, la commission électorale ne nous a toujours pas expliqué pourquoi le système n’a pas fonctionné. La confiance envers la commission électorale est fortement affectée", explique Betty Okero. 

 

La question des moyens techniques

En République démocratique du Congo, le 5 septembre dernier le président de la CENI, Corneille Naanga, a annoncé son intention d’informatiser en partie le prochain scrutin afin de réduire les coûts de l’élection. Pour Donatella Rostagno, qui a travaillé pour le Réseau européen pour l’Afrique Centrale et qui a observé les dernières élections dans ce pays en 2011, la question de la technologie est secondaire. Aujourd’hui, la priorité est la publication d’un calendrier électoral et le rétablissement de la confiance de la population envers la CENI. 

"Pour moi, la question qu’il faut se poser est celle de savoir si on va arriver à des élections et avec quel calendirer", estime Donatella Rostagno. Il ne comprend d'ailleurs pas comment on pourrait utiliser des machines en RDC, alors que certaines zones n'ont pas accès à l'électricité. "Comment est ce que la CENI compte résoudre tous ces problèmes beaucoup plus techniques ? J’ai l’impression qu’on est entrain de vouloir moderniser le vote, la journée du vote en soit, sans être prêt pour le faire."

 

Souveraineté des Etats
Informatiser totalement ou partiellement les scrutins nécessite l'utilisation de serveurs informatiques. En fonction de l’endroit où ils sont localisés, ces derniers ne sont pas à l’abri de piratage. Pour Charles Yaovi Djrekpo, président du Nadional Democrate Institut de Niamey et professeur de droit public à la retraite, la priorité c’est l’indépendance des structures électorales en Afrique. "Il serait possible par exemple qu’au niveau de la Cédéao, de l’UMOA, au niveau de la CEMAC, on puisse envisager de développer des structures de contrôle du système électoral à ce niveau", estime-t-il. Mais pour lui les serveurs ne doivent pas être physiquement en France ou en Grande Bretagne. "Il faut assurer l’indépendance des juridictions."

Image : picture-alliance/dpa/S. Lindholm

Ecoutez les précisions de Wendy Bashi en cliquant sur l'image au dessus de l'article.