L'Europe s'inquiète des sanctions contre la Russie
26 juillet 2017Les sanctions votées par le Congrès américain mardi à la quasi-unanimité doivent encore être confirmées par le Sénat mais les sanctions prévues inquiètent bien au-delà de Moscou. En effet, des entreprises européennes pourraient bien faire les frais de ces nouvelles sanctions. Il s'agit notamment des groupes européens partenaires du projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne via la Baltique : le français Engie, les allemands Uniper (ex-EON) et Wintershall (BASF), l'autrichien OMV et l'anglo-néerlandais Shell.
Menaces sur l'indépendance énergétique de l'UE
L'annexion de la Crimée, le soutien du pouvoir syrien dans la guerre civile et l'influence présumée de l'élection présidentielle américaine sont les raisons pour lesquelles la Russie est frappée par ces nouvelles sanctions. Moscou a promis de riposter à leur adoption par le Congrès des Etats-Unis, avertissant que ce projet menaçait "très sérieusement" les espoirs de normalisation suscités par l'élection de Donald Trump.
Le projet inclut des sanctions non seulement contre la Russie mais aussi contre l'Iran, notamment contre les Gardiens de la révolution accusés de soutenir le terrorisme, et la Corée du Nord, pour ses tirs de missiles.
Mais il permettrait aussi de sanctionner des entreprises européennes qui coopèrent avec la Russie, surtout dans le secteur de l'énergie. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne déplore d'une part leur "possible impact sur l'indépendance énergétique de l'UE" et d'autre part "leurs conséquences politiques négatives possibles".
L'Allemagne souligne l'importance de la coopération
L'Allemagne a clairement critiqué ce projet. "Principalement, nous refusons les sanctions ayant des effets extra-territoriaux, c'est-à-dire des effets qui touchent un troisième gouvernement, a déclaré Ulrike Demmer, la porte-parole adjointe du gouvernement, qui a appelé à une action conjointe. "C'est très important que les Etats-Unis et l'Europe continuent à organiser ensemble leur politique de sanctions envers la Russie".
Etonnés de ne pas avoir été suffisamment associés à la prise de décision, les Européens regrettent donc le manque de concertation. C'est ce qu'a rappelé le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schäfer.
"Après que la loi sera passée, il nous restera suffisamment de temps et d'espace pour parler avec le gouvernement des États-Unis, le président américain et le Département d'État, les représentants de l'économie et du commerce, pour leur expliquer que nous sommes heureux de travailler avec les États-Unis, aussi en ce qui concerne les sanctions contre la Corée du Nord, la Russie, peut-être même contre l'Iran. Mais s'il vous plaît, conjointement et en accord."
Si le texte est voté au Sénat, le président américain Donald Trump pourrait mettre son veto. Mais il suffirait alors au Congrès de le revoter à une majorité des deux tiers pour outrepasser le veto présidentiel.
Avec agences