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L'extrême-droite allemande dans le viseur du renseignement

Hugo Flotat-Talon
16 janvier 2019

Les services secrets allemands mettent en garde le parti d'extrême-droite AfD. Une information qui fait réagir la presse ce mercredi.

Deutschland AfD - Europawahlversammlung in Riesa | Meuthen und Gauland
Alexander Gauland, au centre, le chef de l'AfD, avec deux membres éminents du parti. Image : picture-alliance/dpa/M. Skolimowska

Le Brexit et le "non" des députés anglais est évidemment à la Une de nombreux quotidiens allemands ce mercredi. Mais ce qui retient l'attention de la presse germanophone ce sont aussi des manifestations en Pologne et l'extrême droite allemande qui pourrait être mise sous surveillance par les services de renseignements. Une information communiquée ce mardi 15 janvier par l'Office fédéral pour la protection de la Constitution.

"Ambitions anticonstitutionnelles"

Une surveillance qui n'en est pas encore véritablement une. En fait, "les services de renseignements ont leur propre humour", écrit la Frankfürter Allgemeine Zeitung pour tenter d'expliquer tout cela sans être barbant. "Avant de déclencher ce qu'ils appellent surveillance, il y a d'abord un "Vorhölle", la marche en dessous en fait." On surveille un peu, mais pas complètement encore.

Pour l'heure, les services secrets ont des "indications factuelles d'ambitions anticonstitutionnelles" du parti, explique la Tageszeitung. D'où cette mise en garde, cette menace de surveillance élargie et la colère du parti d'extrême droite AfD et de son chef rapportée par la Süddeutsche Zeitung. "Alexander Gauland parle de pression politique" menée contre lui parle les services secrets, dit le journal.

Image : picture-alliance/dpa/M. Skolimowska

Insuffisant

"Enfin", commente de son côté la Taz, "c'est une décision prise avec retard, car on sait depuis longtemps qu'une partie des membres de ce parti est contre l'Etat et son système". "C'est un avertissement à toutes les forces extrémistes, un rappel des frontières du droit et un avertissement aux modérés de ne pas verser dans l'extrémisme", ajoute la FAZ. "Un carton jaune", dit la Süddeutsche.

D'un autre côté, dit la Volksstimme, cette menace "va conforter la direction du parti dans un rôle qu'elle chérît : celui de martyr". "Et ce n'est pas la surveillance qui fera changer les électeurs du parti d'avis", renchérit la Taz. "Cette décision va donc dans le bon sens mais ne constitue pas un soupir de soulagement. C'est l'engagement de tous les démocrates qui est nécessaire", conclut le journal.

Recueillement contre la haine en Pologne

"Stop à la haine", lors d'un recueillement à Gdansk lundi soir. Image : picture-alliance/B. Zawrzel

Et puis dans la presse aussi, encore des traces de l'extrémisme, en Pologne cette fois. Le maire de la ville de Gdansk dans le Nord du pays est mort lundi des suites d'une attaque au couteau. "Des milliers de personnes descendent depuis dans la rue pour mettre en garde contre un empoissonnement de la vie politique", raconte la Taz, photo de centaines de personnes bougies à la main à l'appui.

"On se demande comme ça a pu aller aussi loin", raconte aussi la FAZ. De l'étonnement, mais pas uniquement. "Sur place on n'hésite pas à mettre en scène un chef d'orchestre connu mais critique du pouvoir avec une étoile jaune", déplore la Süddeutsche qui poursuit : "On dénonce les opposants comme des marionnettes de l'UE, des soutiens des homosexuels ou des migrants qui ruinent le pays. Le maire de Gdansk n'est que la première victime de ce climat de haine".

Alors que faire ? Peu de réponse dans la presse. "Lundi soir à Gdansk c'est l'émotion qui captivait pendant la diffusion d'une chanson : The Sound of Silence, le son du silence", conclut la FAZ.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_