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Le Moyen-Orient redoute une nouvelle escalade meurtrière

Kossivi Tiassou | Kersten Knipp
18 septembre 2024

Israël est-il derrière ces opérations ? Au moins 26 morts et environ 3200 blessés : tel est le bilan des explosions de récepteurs radio du Hezbollah au Liban entre mardi et mercredi (17 - 18.09.2024).

Un agent de sécurité sur ses gardes à Beyrouth.
Mardi (17.09.2024), des explosions simultanées de bipeurs, un système de radiomessagerie utilisé par le mouvement islamiste pro-iranien, ont fait douze morts, dont deux enfants, et entre 2.750 et 2.800 blessés, selon le ministère libanais.Image : MAHMOUD ZAYYAT/AFP

Le Hezbollah avait utilisé ces récepteurs - des appareils appelés pagers parce que, contrairement aux téléphones portables, ils ne peuvent pas être localisés.

Et d'après des sources concordantes citées par la presse, Israël aurait intercepté discrètement ces pagers de marque Gold Apollo et les aurait piégés avant de les renvoyer au Hezbollah, qui les aurait ensuite reçus sans se douter de leur modification. Les appareils auraient ensuite été explosés à distance et de manière ciblée. Le Hezbollah et l'Iran, son allié, attribuent cette action à Israël.

Une opération israélienne ?

Bien qu'Israël n'ait pas officiellement revendiqué cette opération, elle s'inscrit dans le cadre du conflit violent en cours entre Israël et le Hezbollah, qui a débuté le 7 octobre de l'année dernière après l'attaque terroriste du Hamas palestinien sur le territoire israélien. 

De leur côté, les médias israéliens penchent pour une responsabilité d'Israël dans cet attentat. Le journal Haaretz rapporte que la décision de faire exploser les pagers a été prise à la dernière minute. Initialement, l'action devait être lancée au début d'une confrontation plus importante. Mais il semblerait que deux miliciens du Hezbollah aient découvert que les pagers avaient été modifiés, ce qui a poussé Israël à déclencher les explosions plus tôt que prévu. 

Une source proche du Hezbollah a indiqué que "les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils", qui semblent avoir été "piratés à la source".Image : ANWAR AMRO/AFP

Haaretz ajoute que "les unités opérationnelles du Hezbollah ont été entièrement infiltrées et gravement touchées", ce qui renforce un sentiment d'insécurité au sein de l'organisation et pourrait affaiblir son système de commandement et de contrôle à court terme.

Echec diplomatique

Selon Gil Murciano, directeur général de l'Institut israélien pour les politiques étrangères (Mitvim), cette opération est motivée par l'absence d'une solution diplomatique avec le Hezbollah. 

Bien que les pagers aient dû être déclenchés plus tôt que prévu, il explique que l'opération montre qu'Israël considère déjà la situation comme une guerre ouverte, et que la volonté d'escalade fait partie de cette guerre. 

Pour lui, il ne s'agit pas seulement de saisir une opportunité opérationnelle, mais de démontrer qu'Israël prendra toutes les mesures possibles pour limiter la puissance militaire du Hezbollah.

Réaction du Hezbollah

Le journaliste Ronnie Chatah, basé à Beyrouth et gérant le site The Beyruth Banyan, estime que malgré les pertes humaines civiles, le Hezbollah ne devrait pas mener une grande action de représailles. 

Depuis le 7 octobre, toutes les parties craignent de revivre des situations telles que la guerre de 2006 ou la guerre du Liban de 1982, et il est probable que le conflit reste limité aux cibles militaires.

Le chef de la diplomatie libanaise Abdallah Bou Habib a estimé de son côté que l'attaque de mardi pourrait être le présage d'une guerre plus large au Moyen-Orient.Image : FADEL ITANI/AFP

Rôle des Etats-Unis

L'opération a eu lieu alors qu'Amos Hochstein, conseiller politique du président américain Joe Biden, se trouvait dans la région pour tenter de prévenir un conflit de grande ampleur entre Israël et le Hezbollah.

Amos Hochstein avait rencontré des dirigeants israéliens, mais semble ne pas avoir été informé de cette action. Néanmoins, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait prévenu son homologue américain Lloyd Austin d'une attaque imminente, sans toutefois fournir de détails.

Gil Murciano estime que cette opération ne devrait pas peser sur les relations entre Israël et les Etats-Unis, car ces derniers cherchent principalement à jouer un rôle de médiateur dans la région. 

Cependant, Ronnie Chatah souligne que les Etats-Unis n'ont pas de véritable interlocuteur au Liban capable de résoudre le conflit de manière constructive ou de persuader le Hezbollah de se modérer, et que les préoccupations américaines ne sont pas toujours prises en compte par Israël.

L'avenir reste donc incertain. Le journal Haaretz note que "l'attaque, attribuée à Israël, a révélé la faiblesse du Hezbollah et humilié ses dirigeants", et rappelle, en concluant, que de tels incidents ne se terminent pas calmement au Moyen-Orient.

Au lendemain de cette attaque, des incidents similaires se sont produits aujourd'hui au Liban. Au moins trois personnes ont été tuées et plusieurs centaines ont été blessées dans une nouvelle vague d'explosions d'appareils de transmission, mais cette fois-ci, il s'agirait de talkie-walkies.

Ces appareils ont notamment explosé dans la banlieue sud de Beyrouth, au moment où se déroulaient les obsèques de quatre membres du Hezbollah, tués la veille dans l'explosion de leurs bipeurs.

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