Le Liban, un an après les explosions au port de Beyrouth
Delali Sakpa
4 août 2021
Il y a un an, la catastrophe survenue dans le port de la capitale choquait le monde entier. En ce jour, les familles des victimes demandent toujours justice.
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Il y a exactement un an, une partie de Beyrouth était détruite suite à l’explosion de plusieurs tonnes de nitrate d'ammonium emmagasinées dans le port de la capitale libanaise.
La tragédieavait fait 206 victimes, des milliers de blessés et des centaines de milliers de personnes déplacées.
Les enquêtes judiciaires ont fait ressortir la négligence des autorités libanaises ayant conduit à l’accident.
En effet, des membres du gouvernement et des personnalités haut placées du pays auraient été informées des dangers de la présence de nitrate d’ammonium dans le port, mais ceux-ci avaient fermé les yeux là-dessus.
Aujourd’hui, un an après la catastrophe, les familles des victimes continuent de demander justice et une levée de l’immunité des autorités responsables de négligence. Mais pour le moment, rien n’est fait.
Explosion à Beyrouth : les images du chaos
Plus d'une centaine de morts, des milliers de blessés, des destructions et des dégâts matériels innombrables après les déflagrations qui ont dévasté plusieurs quartiers de la capitale libanaise mardi soir.
Image : Reuters/M. Azakir
Panique à Beyrouth
Mardi soir, deux immenses explosions ont secoué Beyrouth et les environs de la capitale libanaise, provoquant la panique des habitants qui se sont précipités pour se mettre à l'abri.
Image : Reuters/M. Azakir
Des explosions dans les banlieues de la ville
Les explosions, centrées sur la région portuaire de Beyrouth, ont été ressenties dans toute la capitale. Même les habitants de la périphérie de la ville ont déclaré avoir entendu l'explosion. Certains affirment même que leurs vitres ont été brisées.
Image : Reuters/K. Sokhn
Des dizaines de morts, des milliers de blessés
Le ministère libanais de la santé a déclaré qu'au moins 100 personnes avaient été tuées et plus de 4.000 autres blessées.
Image : Reuters/M. Azakir
Un stock de nitrate d'ammonium "inacceptable"
Le Premier ministre Hassan Diab a déclaré qu'un important stock de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium dans un entrepôt du port, avait provoqué la deuxième explosion, plus importante. "Il est inacceptable qu'une cargaison de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans que des mesures préventives aient été prises", a déclaré M. Diab.
Image : Getty Images/AFP/STR
Les secours sur le terrain
Plus de trente équipes de la Croix-Rouge se sont précipitées sur les lieux, et de nombreux habitants ont prêté main forte aux secours. Les hôpitaux ont averti qu'ils étaient rapidement débordés et ont demandé des dons de sang ainsi que des générateurs pour maintenir l'électricité en marche.
Image : picture-alliance/AA/H. Shbaro
Comme un tremblement de terre
Selon le centre de géosciences allemand GFZ, les explosions ont frappé avec la force d'un tremblement de terre de magnitude 3,5. Les habitants de Chypre, île située à quelque 180 km de Beyrouth, ont déclaré avoir entendu et ressenti l'explosion.
Image : Reuters/A. Taher
A la recherche des proches
Bassel Aridi, de la DW, a déclaré que les gens utilisaient les médias sociaux pour essayer de retrouver leurs proches après les explosions. Aridi a également visité un hôpital à Beyrouth après les explosions. "Ce que j'ai vu à l'hôpital était tellement dramatique. Tous les hôpitaux ont annoncé qu'ils étaient totalement surchargés".
Image : picture-alliance/AP Photo/H. Ammar
Du jamais vu au Liban
"La situation est apocalyptique, Beyrouth n'a jamais connu ça de son histoire", a lancé le gouverneur de Beyrouth, Marwan Abboud, qui avait éclaté en sanglots mardi devant les caméras dans le port dévasté. "Jusqu'à 300.000 personnes sont sans domicile", a-t-il ajouté.
Image : AFP/I. Amro
Etat d'urgence de deux semaines
Les autorités libanaises craignent que de nombreuses autres personnes soient ensevelies sous les décombres. Le président Michel Aoun a prévu une réunion d'urgence du cabinet ce mercredi et a déclaré que l'état d'urgence devrait être déclaré pour deux semaines.
Image : AFP
Le Liban face à un double coup dur
Les explosions dévastatrices surviennent alors que le Liban connaît de graves turbulences économiques. De nombreuses personnes sont descendues dans la rue ces derniers mois pour protester contre leur situation financière et la cherté de la vie.
Image : Reuters/M. Azakir
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Les familles des victimes revoltées
Les familles sont encore aujourd’hui dans la rue pour faire pression sur les autorités.
Pour Ibrahim Hoteit, représentant des familles ayant perdu leurs proches dans l’explosion, la justice libanaise traîne. Il n’est pas tendre en s’adressant aux autorités :
"Notre patience est à bout. C'est tout. Vous devez comprendre cela si vous l'intérêt du pays vous tient vraiment à cœur et si vous voulez éviter que la situation ne se détériore. Nous nous dirigeons vers des actions de casse. Nous en avons fini avec les manifestations de routine et pacifiques. Nous espérons que vous y réfléchirez bien."
Plusieurs ONG et associations dénoncent aussi le silence des autorités libanaises. Human Rights Watch (HRW) par exemple avait accusé les autorités de "négligence criminelle", de violation du droit à la vie et de faire barrage à l'enquête locale sur l'explosion.
Selon Lynn Maalouf, directrice de recherches sur le Moyen-Orient d'Amnesty International, avec cette tragédie et ses suites, le fossé entre les Libanais et leurs dirigeants n’a jamais été aussi grand.
"Les familles sont en train de mener une bataille historique parce que c’est un réel changement dans cette demande de justice et au-delà de l’explosion. C’est vraiment une bataille historique et très symbolique qui se passe aujourd’hui parce que sa nature est bien différente de celle de la période après la guerre libanaise."
Mais pour la directrice des recherches sur le Moyen-Orient d'Amnesty International, cette demande de justice ne trouvera probablement pas rapidement écho favorable auprès du gouvernement qui cherche plutôt à se protéger.