George Weah et Joseph Boakai au coude à coude au Liberia
16 novembre 2023Les électeurs devaient décider s'ils reconduisent à la présidence l'ancienne gloire du football George Weah, au bilan assez critiqué, ou s'ils préfèrent le vétéran Joseph Boakai, âgé de 79 ans.
Des petits incidents relevés ici et là lors du second tour de l’élection présidentielle mardi (14.11) n’ont pas empêché le bon déroulement du scrutin. Alors que le décompte des voix a commencé, les premiers résultats sont assez serrés.
L'opposant Joseph Boakai fait la course en tête avec 50,58% des voix contre 49,42% pour George Weah, le président sortant, après le dépouillement de 5.107 bureaux de vote sur un total de 5.890 (86,61% des bureaux), a dit à la presse Davidetta Browne Lansanah, présidente de la commission électorale (NEC).
Appels à la retenue
La NEC va poursuivre la centralisation des résultats afin de boucler le décompte des votes, tout en exhortant les partisans des deux candidats à faire preuve de retenue en attendant les 15 jours requis pour la publication des résultats.
Les deux candidats sont bien connus au Liberia. Georges Weah a séduit les jeunes électeurs mais a dû défendre son bilan depuis son mandat de président. Il a battu l’ancien vice-président Joseph Boakai aux élections de 2017, remportant plus de 61 % des voix. Cependant selon certains observateurs, le bilan mitigé de son mandat risque de peser sur le résultat final.
Maurice Mahounon, docteur en sciences politiques et spécialiste du Libéria, estime que George Weah "n’a pas honoré tous ses engagements, notamment la lutte contre la corruption qui était le pilier même sur lequel les Libériens l’ont plébiscité. Concernant le jugement de ces présumés auteurs de crimes des deux guerres que le Liberia a connu, il n’a pas pu les traduire en justice. Ce qui justifie d’ailleurs le score honorable que son challenger Joseph Boakai a eu à faire."
Déroulement pacifique
Joseph Boakai est un vétéran politique qui a occupé une multitude de postes dans les secteurs public et privé et il représente pour certains, malgré son âge, l’homme de la situation.
Au-delà du choix de la personne qui dirigera ce pays pauvre de cinq millions d'habitants en quête de paix et de développement, après les années de conflit et d'épidémie d'Ebola, l'un des enjeux était le déroulement pacifique et régulier de l'élection et l'acceptation des résultats.
"Le jour du scrutin s'est déroulé dans le calme et nous avons constaté des améliorations dans l'organisation du processus (électoral) depuis le premier tour", a déclaré lors d'une conférence de presse Jarek Domanski, observateur en chef adjoint de la mission d'observation de l'Union européenne.
La Cédéao a aussi félicité toutes les parties prenantes pour les élections "en grande partie" pacifiques, même si elle a noté des incidents isolés dans les provinces de Lofa, Nimba, Bong et Montserrado, qui ont entraîné "des blessures et des hospitalisations".