En Libye, le calvaire des migrants et réfugiés
4 avril 2023En Libye cela fait des années maintenant que les organisations de défense des droits de l'Homme attirent l'attention sur la situation des réfugiés et migrants dans le pays. Ils seraient des milliers à être piégés, soit parce qu'ils sont en détention soit parce qu'il n'ont pas les moyens de quitter le pays. Récemment, une mission d'enquête de l'Onu sur la situation des droits humains en Libye, a révélé que certains migrants seraient même réduits à l'esclavage sexuel.
Des violations et des abus
Femmes, hommes et enfants…ils seraient des milliers de réfugiés et migrants qui subissent d'horribles violations et abus en Libye.
Ils sont piégés dans un pays ravagé par la guerre, où l'anarchie et l'impunité permettent aux groupes criminels de prospérer.
La plupart de ces réfugiés et migrants sont originaires d'Afrique subsaharienne et d'Afrique du Nord, mais ils ne sont pas les seuls concernés par les violences. Certains Libyens en sont également victimes.
C'est ce que révèle dans son dernier rapport sur la Libye, le groupe d'experts des Nations Unies. Ce groupe qui avait déjà évoqué de probables crimes contre l'humanité dans les centres de détention et contre les migrants parle à présent aussi de cas d'esclavage sexuel.
Ces réfugiés et migrants qui cherchent pour la plupart à rejoindre l'Europe sur de fragiles embarcations, craignent pour leur vie et manquent souvent d'un moyen sûr et légal de sortir du pays.
"La migration irrégulière en Libye est très complexe", explique à la DW Tim Eaton, analyste du groupe de réflexion Chatham House qui précise aussi qu'au sujet de "cette migration illégale via la Méditerranée, la politique migratoire de l'UE doit être scrutée de prêt."
Le rôle de l'UE
Suite aux mesures des gouvernements européens de bloquer les routes maritimes empruntées par les migrants, de plus en plus de personnes sont interpellées et ramenées en Libye où elles sont victimes de violences que l'Onu considère comme des crimes contre l'humanité.
Des crimes qui pour certains, se dérouleraient dans des lieux de détention placés sous le contrôle de la Direction de la lutte contre la migration illégale, des garde-côtes libyens et de l'Autorité de soutien à la stabilité, des entités qui ont un soutien technique, logistique et financier de l'Union européenne.
"Le soutien apporté par l'UE aux garde-côtes libyens en termes de refoulements, d'interceptions, conduit à des violations de certains droits de l'Homme. On ne peut pas repousser les gens vers des zones qui ne sont pas sûres, et très clairement les eaux libyennes ne sont pas sûres pour l'embarquement des migrants", avait expliqué Chaloka Beyani l'un des membres de la Mission d'enquête de l'Onu sur la Libye.
L'UE entend clarifier la situation avec ses partenaires libyens. Pour sa part, l'Onu a appelé la communauté internationale, et en particulier les Européens, à agir pour que le calvaire des millions de migrants et de Libyens victimes de violences prenne fin.