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L'insécurité sur l'axe Niamey-Ouagadougou inquiète

Mahamadou Abdoulkarim
17 mars 2022

Au Niger, l'attaque par des djihadistes présumés d'un bus de voyageurs, mercredi soir, sur la route reliant Téra au Niger et Dori au Burkina Faso, a fait une vingtaine de morts.

Les compagnies de transport ont décidé de ne plus desservir les zones ciblées par les djihadistes (photo d'illustration)
Les compagnies de transport ont décidé de ne plus desservir les zones ciblées par les djihadistes (photo d'illustration)Image : Baz Ratner/REUTERS

Les attaques se sont multipliées ces derniers temps dans cette zone entre le Niger et le Burkina Faso, faisant redouter une stratégie qui vise à terroriser la population pour la forcer à fuir et abandonner la région aux djihadistes. Les compagnies de transport ont d'ailleurs décidé de ne plus desservir la zone.

L'axe Niamey-Ouagadougou, en passant par Téra au Niger et Dori au Burkina Faso, devient en effet de plus en meurtrier pour les voyageurs.

Mercredi soir, un bus d'une compagnie nigérienne de transport a été intercepté par des terroristes. Le bilan est lourd : une vingtaine de passagers ont été tués après avoir été obligés de descendre du bus qui a été ensuite incendié.

En dépit des opérations militaires les attaques continuent.Image : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

Avant cela, un camion avait été attaqué dans la même zone : le conducteur et son assistant ont été retrouvés morts calcinés. Une situation déplorable qui illustre le danger dans cette région, selon le maire de Téra, Hama Mamoudou.

"C'est la première fois que nous avons un bus qui est attaqué. Ce qui devient vraiment un problème pour les populations parce que c'est un axe très fréquenté. Par jour, nous avons cinq à six sociétés de bus qui vont vers le Burkina et qui reviennent également. Donc si ce cas se présente, ça veut dire que la situation devient très grave. Aujourd'hui, le département est vraiment sous pression à cause de ces gens-là" explique le maire.

(Re)lire aussi : Au Sahel, les djihadistes font la loi

Une stratégie de la peur

Il y a bien longtemps que les transporteurs ont attiré l'attention des autorités sur le danger de cette route. Bien avant cette attaque, des mines avaient été posées par les terroristes.

A la suite de ce drame, les compagnies de transport ont décidé de ne plus desservir la zone jusqu'à nouvel ordre. Abagord Hassane, chef d'escale d'une compagnie de transport de voyageurs."L'axe n'est plus sûr et ceci nous emmène à revoir, nous les compagnies de transport, quelles sont maintenant les solutions à trouver et les mesures à prendre sur l'axe Niamey-Ouagadougou. Parce qu'il le faut. Tant qu'il n'y a pas de sécurité, nous ne pouvons plus exploiter cet axe. C'est impossible. La non-exploitation de cet axe également constitue une perte inestimable pour les sociétés et pour le Niger" précise t-il.

Les précisions d'Abdoulkarim Mahamadou

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La zone des trois frontières semble donc tomber sous le contrôle des groupes terroristes, ou est en passe de l'être.

(Re)lire aussi : Burkina et Niger, unis contre le terrorisme

Dans certaines localités, les habitants ont abandonné leur village par peur de se faire massacrer. C'est le but recherché, selon Abass Abdoulmoumouni, expert en sécurité au Sahel.

Il explique que "l'objectif recherché à travers ce genre d'attaque contre les bus de compagnies de transport sur l'axe Ouagadougou-Tillabéry consiste tout simplement à sanctuariser la zone pour eux, les terroristes. Une zone à partir de laquelle ils vont lancer des incursions".

Les citoyens de cette région s'inquiètent et s'interrogent aussi sur l'efficacité de la force du G5 Sahel qui est sensée avoir le contrôle de la zone des trois frontières.