L'Italie se dote d'un nouveau gouvernement
4 septembre 2019Pour que ce nouveau gouvernement puisse voir le jour, les militants du Mouvement 5 étoiles ont donné leur feu vert à une alliance avec le Parti démocrate. C'est par un vote en ligne que les "militants" du Mouvement 5 étoiles avaient approuvé le projet de coalition. Les éditorialistes allemands commentent ce mercredi cette nouvelle politique digitale.
Voilà une "démocratie à 0,5%", titre la Süddeutsche Zeitung, qui rappelle que si les quelque 115.000 utilisateurs enregistrés sur le site du Mouvement 5 étoiles ont majoritairement dit oui à l'alliance avec le Parti démocrate, ces 115.000 personnes ne représentent même pas 1% de la base électorale du parti. Pire, comme il n'y a en moyenne que la moitié des inscrits sur la plate-forme qui donnent leur avis lors de ces consultations en ligne, leur représentativité passe sous les 0,5%.
Des députés exclus du processus
"Le parti assure que ces inscrits sont certifiés", donc de vrais adhérents, "mais qui ils sont exactement, seul le mouvement et l'entreprise qui gère le site le savent." Ainsi, le journal de Munich ne voit pas d'un bon œil cette façon de faire de la politique dans ce qui constitue tout de même un pays membre du G7. "Dans une démocratie parlementaire, les grands changements du système politique", comme de désigner une coalition gouvernementale, "doivent être tout d'abord décidés au Parlement. Ce sont les voix des députés en tant que représentants du peuple qui doivent décider, et non pas les clics de souris d'une minorité."
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, "personne en Europe ne se fait d'illusions : les mois à venir ne manqueront pas de nouvelles crises italiennes." Pour le journal, ce qui unit le Mouvement 5 étoiles et le Parti démocrate, c'est "leur rejet des critères de stabilité européens", c'est à dire de limiter les dépenses de l'Etat. "En revanche, en matière de politique migratoire, ce sera à l'Union européenne de se ressaisir et de faire une proposition au nouveau gouvernement italien." Car la FAZ prédit déjà que ce gouvernement, bien que de gauche, n'osera pas changer de cap et maintiendra la ligne dure de l'extrême droite de Matteo Salvini "s'il ne peut compter sur des concessions de la part des partenaires européens."
Le retrait américain d'Afghanistan
L'autre journal de Frankfort, la Frankfurter Rundschau, s'intéresse quant à lui à l'Afghanistan, où les Etats-Unis et les Talibans sont parvenus à un projet d'accord qui prévoit notamment un retrait conséquent des soldats américains dans le pays en échange de garanties sécuritaires de la part des insurgés. Sauf que ce projet inquiète le gouvernement afghan.
Pour l'éditorialiste de la Rundschau, le plan négocié est "davantage un accord de retrait des troupes qu'un accord de paix". Le quotidien estime que tout le monde est perdant et "les nouveaux attentats perpétrés par les talibans" qui ont fait 16 morts à Kaboul lundi, "laissent présager d'un face à face très tendu" entre les insurgés et le gouvernement.
La Stuttgarter Zeitung va même plus loin : "on ne peut pas dire que Washington peut garantir les progrès de société obtenu au cours des 18 dernières années" de présence militaire américaine et internationale. "La pression était trop grande pour trouver un compromis. La liberté des femmes passe au second plan. En Afghanistan aussi l'envie de défendre les valeurs de l'Occident semblent se dissiper." Alors l'éditorialiste demande : "faut-il une nouvelle vague de réfugiés pour dépasser ces visions court-termistes ?"