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L'Ogoni étouffe sous les hydrocarbures

Sandrine Blanchard5 août 2011

C’est une véritable catastrophe écologique à laquelle le Nigeria doit faire face. Le déversement de pétrole dans le Delta du Niger depuis un demi-siècle inquiète le Programme des Nations Unies pour l’Environnement.

Le Delta du Niger, toujours les pieds dans la pollutionImage : picture-alliance/ dpa/dpaweb

Le PNUE vient de publier un rapport alarmant qui estime que les travaux de décontamination pourraient durer 30 ans. Le texte insiste sur la responsabilité des entreprises pétrolières, notamment dans la région la plus touchée, celle de l’Ogoniland.

Le PNUE a passé à la loupe plus de 120 km de pipelines et d'oléducs et analysé des échantillons prélevés dans 69 sites du Delta du Niger. Sa conclusion est sans équivoque : l’exploitation du pétrole – et les fuites d’hydrocarbures qu’elle provoque - ont des effets extrêmement néfastes sur les nappes phréatiques, les sédiments, la flore, la faune, la qualité de l’air et la santé des populations. Ces fuites font aussi partir les bancs de poissons, ce qui contraint les pêcheurs à aller de plus en plus loin.

Parmi les responsables cités dans le rapport, on trouve entre autres le groupe pétrolier Shell, déjà mis en cause au cours des dernières années. Shell reconnaît être responsable de deux marées noires, en 2008 et 2009, sur des installations qu’elle n’utilise plus mais qui sont souvent sabotées par la population, souligne-t-elle. Même son de cloches au sein de la compagnie publique nigériane. La NNPC accepte de participer au nettoyage de la zone, mais un de ses porte-parole précise « ce qui ne veut pas dire que nous soyons coupables ». Ce discours n'est pas du goût de Nnimmo Bassey. Ce Nigérian, Prix Nobel alternatif 2002, milite depuis des années en faveur d'une meilleure prise en compte des populations locales face aux entreprises pétrolières : « Ce rapport montre que les compagnies pétrolières, comme Shell, qui travaille avec les autorités du Nigeria, ne respectent pas les standards minimums qu’elles se sont fixés... Ni ceux imposés par l’Etat nigérian, sans parler des minima acceptables au niveau international ».

Sur une plateforme pétrolière au NigériaImage : picture-alliance/dpa/dpaweb

Pour remédier au problème, le PNUE recommande la création d’un fonds environnemental spécialisé, qui sera doté d’un capital de départ d’un milliard de dollars. Cet organisme devra coordonner l’action des autorités nigérianes, des institutions internationales et des acteurs économiques. Ibrahim Thiaw, le directeur de la Division de la mise en œuvre des politiques environnementales au sein du PNUE, a présenté les résultats de l´étude au président nigérian, Goodluck Jonathan : « Les effets positifs de cette régulation accrue, de ces nouvelles approches en vue d’une dépollution complète et de la surveillance de crise recommandées dans ce rapport, se feront sentir non seulement au sein des populations de l’Ogoniland, mais aussi dans toutes les communautés qui vivent dans le Delta du Niger et au-delà. »

Les fuites de pétrole ont un impact sur la santé publiqueImage : picture alliance/dpa

Certains habitants de l'Ogoni ont du mal à y croire, eux qui déplorent déjà de ne pas avoir été consultés par les agents du PNUE au moment de l'étude.