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L'opposition tchadienne appelle à la résistance

Blaise Dariustone
2 novembre 2020

La tension est palpable à N'Djamena où la police bloque toujours les sièges et domiciles de l'opposition et de la société civile. La population redoute des violences.

Succès Masra appelle à la désobéissance civile pour résister au blocage de son quartier général
Succès Masra appelle à la désobéissance civile pour résister au blocage de son quartier généralImage : Blaise Dariustone/DW

Depuis le siège de son parti, Succès Masra a appelé les Tchadiens à la résistance face à l'encerclement de son parti "Les Transformateurs" par la police anti-émeute depuis jeudi (29.10).

Le siège du parti de Succès Masra, mais aussi d'organisations de la société civile comme la LTDH, sont gardés par la police Image : Blaise Dariustone/DW

"Nous lançons un appel à tous les Tchadiens de venir au siège des Transformateurs à partir de ce lundi de manière à ce que nous transformions ce siège en un quartier général de la résistance qui ne va pas tarder."

Ce déploiement de la police est intervenu à la suite de l'annonce de l'organisation d'un contre-forum par une coalition des partis d'opposition et des organisations de la société civile, en réponse au forum national inclusif organisé par le pouvoir.

La population craint de nouvelles violences

A N'Djamena, l'appel à la résistance de Succès Masra est diversement apprécié par la population qui a peur de nouvelles violences.

"On dit que quand l'injustice devient loi, la résistance est un devoir. L'opposition a raison d'appeler à la résistance parce que le pays va à la dérive. La jeunesse tchadienne désabusée est prête", confie un habitant.

"Ce pays à trop souffert, il ne faut pas qu'on arrive à un soulèvement."

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Une femme exprime ses craintes face à une situation qui s'envenime: "cette situation devient un peu inquiétante. Ce pays à trop souffert, il ne faut pas qu'on arrive à un soulèvement. Ça va être la catastrophe. J'ai peur…"

"Je ne me vois pas en train de descendre dans la rue pour cette même opposition qui demain va me trahir" témoigne un habitant désabusé. "Si Déby est jusque-là au pouvoir, c'est aussi grâce au jeu de l'opposition."

L'opposant Saleh Kebzabo, dont le siège du parti UNDR et le domicile sont toujours sous le contrôle de la police, affirme que la police filtre les personnes qui lui rendent visite mais il minimise pour l'instant cette situation.

"Les policiers sont toujours là devant mon domicile. Aujourd'hui, la différence est qu'ils se permettent même de venir trier mes  visiteurs devant mon portail, c'est à leur bon vouloir. Je ne comprends pas exactement ce qui se manigance derrière tout cela. Pour le moment, tout ça se fait, je le prends sur le ton de la provocation et je n'y accorde aucune importance. Mais on verra la suite."

La police n'a "aucun problème" avec l'opposition

Le Forum national inclusif a réuni environ 600 participants ces derniers jours à N'DjamenaImage : Republik Tschad

Interrogé, le commissaire Paul Manga, porte-parole de la police nationale, affirme que ce déploiement n'a rien à voir avec la tension politique et vise à faire respecter les mesures de prévention contre la Covid-19.

"Par rapport à cette pandémie, des actes ont été pris pour limiter les rencontres. Ce sont ces textes qui permettent à la police nationale d'interdire des rencontres sans autorisation. Donc la police n'a pas un problème particulier avec ces partis politiques et organisations de la société civile."

Un argument officiel en contradiction toutefois avec le fait que le gouvernement tchadien vient d'organiser un forum qui a réuni plus de 600 participants et au cours duquel les mesures barrières ont été respectées de manière imparfaite.  

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais