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L'opposition tchadienne dénonce la monarchisation du pouvoir

Blaise Dariustone
2 mai 2018

Après l'adoption de la nouvelle constitution lundi par l'Assemblée nationale, l'opposition ne décolère toujours pas. Elle juge dangereux le nouveau texte qui accorde plus de pouvoir au président.

Tschad Gebäude der Nationalversammlung in N’Djamena
Image : cc by Ken Doerr 2.0

Au Tchad, l'opposition et la société civile dénoncent toujours le caractère dangereux de la nouvelle constitution adoptée lundi dernier par l'Assemblée Nationale. Contrairement à l'ancienne loi fondamentale, la nouvelle constitution accorde plus de pouvoirs au président de la République, qui va désormais gouverner le pays sans Premier ministre, ni vice-président. Et selon le nouveau texte, le gouvernement est responsable devant le président Deby et non l'Assemblée nationale. Le président peut aussi dissoudre l'Assemblée nationale s'il le souhaite. Pour l'opposition c'est une monarchisation du Tchad, qui ne dit pas son nom. 

Cette nouvelle page de l'histoire du Tchad est même "inadmissible" pour Sosthène Mbernodji. "Toutes les autres institutions sont assujetties au président de la République, le président peut dissoudre l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale n'a pas le rôle de contrôle de l'exécutif, c'est-à-dire du gouvernement", martèle le coordonnateur du mouvement citoyen pour la préservation des libertés, le MCPL.

"C'est une espèce de vassalisation des institutions. Cette constitution n'existe nulle part même dans les monarchies du Golfe." Et d'appeler tous les Tchadiens à se "réveiller" face à ce texte. 

Réaction de la population ?

Image : Getty Images/AFP/A. Jocard

Le passage à la quatrième république, qui transforme le pouvoir de N'Djamena en un régime présidentiel intégral, est une carte blanche accordée à Idriss Deby de gérer le pays à sa guise. C'est un recul notoire, voire une bévue, selon Max Kemkoye, le président de l'Union démocratique pour le Développement et le Progrès. "La concentration de tous les pouvoirs d'État entre les mains d'un individu, fut-il mortel, c'est un recul qui n'est pas seulement démocratique mais préjudiciable", estime-t-il. "Il pouvait tout faire, mais ne pas arriver à cette bévue là". Pour lui, quand le peuple tchadien "se rendra compte du danger, il y aura une réaction".

Idriss Deby gère le Tchad d'une main de fer depuis 28 ans. Il se voit de nouveau accorder une nouvelle constitution taillée à sa mesure. Seul maître à bord du pays avec tous les problèmes que le connaît le pays, jusqu'à combien de temps pourrait-il tenir ? C'est la question qui revient en boucle chez de nombreux observateurs.

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