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Lorsque Thomas Sankara admirait Cuba et Fidel Castro

Charles Bako
5 septembre 2024

Derrière la nouvelle devise nationale dont le Burkina veut se doter, héritée de Thomas Sankara, se cache mot pour mot celle de la révolution cubaine.

Extrait du film documentaire "LES ORPHELINS DE SANKARA". On y voit Thomas Sankara et Fidel Castro à l'aeroport
Thomas Sankara avait été reçu par Fidel Castro à La Havane en 1984Image : Les Films d’un Jour - Vosges TV/Collection Christophel/picture alliance

Le Burkina Faso a décidé de rétablir l’éducation civique à l’école. Cette décision intervient dans un contexte plus général, où les militaires au pouvoir s’efforcent de développer l’esprit patriotique, dans un pays dont une bonne partie du territoire est contrôlée par les groupes djihadistes.  

Autre symbole de cette fibre nationaliste que les militaires s’efforcent d’exploiter : ce lundi (02.09), le texte de la nouvelle devise du pays a été présenté à l’Assemblée législative de transition et est en attente d’être voté.   

"La patrie ou la mort, nous vaincrons" devrait donc redevenir, sous peu, la devise du Burkina Faso.  

Cette devise, qui avait été instituée une première fois lors de la révolution d’août 1983 par le capitaine Thomas Sankara, est la reprise mot pour mot de celle de la révolution cubaine.  

Thomas Sankara était en effet un admirateur de Cuba.  

Les autorités militaires à la tête du Burkina Faso ont décidé de revenir à l’ancienne devise instituée en 1984 par Thomas Sankara : "La patrie ou la mort, nous vaincrons". Cette devise va remplacer "Unité, progrès, justice", instituée en 1991 par l’ancien président Blaise Compaoré.

Tué en 1987, Thomas Sankara est le père de la révolution burkinabèImage : AFP/dpa/picture-alliance

Thomas Sankara parlait espagnol avec Fidel Castro 

Selon le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, elle vise à renforcer le sentiment patriotique et à faire revivre l’engagement citoyen.  

Une devise qui tire son origine de la révolution cubaine, tirée d’un discours de Fidel Castro : "La patria o la muerte, venceremos".   

Thomas Sankara était en effet un admirateur de la révolution cubaine. Il s’est même rendu à la Havane pour rencontrer Fidel Castro. 

Fidel Toé, ancien compagnon de Thomas Sankara, membre du Conseil national de la révolution et ancien ministre du Travail, explique que "les Sud-américains nous avaient habitués aussi à des slogans comme 'Un peuple uni ne sera jamais vaincu'. Sankara a préféré ce slogan de Cuba puisqu’il parlait d’ailleurs bien l’espagnol avec Fidel Castro, qui lui avait même donné les plus grandes médailles d’héroïsme de Cuba". 

Le 3 août 1983 a débuté la révolution populaire et démocratique du président Thomas Sankara. Un an après, celui-ci a procédé à la décolonisation des identifiants de la République, abandonnant les armoiries coloniales.

Ecoutez le reportage à Ouagadougou...

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Changement de devise sous Blaise Compaoré 

La devise "La patrie ou la mort nous vaincrons" est resté en vigueur quatre ans, de 1983 à 1987.  Blaise Compaoré, qui a pris le pouvoir après l’assassinat de Thomas Sankara, a alors changé la devise pour "Unité, progrès, justice", en 1991.  

Selon Serge Bayala secrétaire permanent du mémorial Thomas Sankara, restituer l’ancienne devise, c’est rendre hommage au père de la révolution d’août 1983. 

Selon lui, "le but de cette devise était qu’elle soit représentative de notre histoire, de la diversité culturelle des communautés qui habitent le pays. Et après l’assassinat, intervenu en 1987, la devise va demeurer. En 1987-1991, la devise est changée par Blaise Compaoré. Mais le peuple burkinabè ne s’est jamais déconnecté de cette devise. Il est clair que la dynamique actuelle se veut la continuité de la révolution de 1983. Elle se perçoit en lien avec cette revendication qu’elle se fait, elle réhabilite tout le patrimoine de la révolution. C’est aujourd’hui ou maintenant qu’il faut défendre la patrie".

Thomas Sankara inhumé au Conseil de l'Entente

03:27

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"La patrie ou la mort, nous vaincrons" est aussi l’une des célèbres phrases de l’ancien président Thomas Sankara. Il l’avait prononcée dans son discours à la tribune de l’organisation de l’Unité africaine, en juillet 1987, trois mois avant sa mort.