L'Otan calme le jeu
27 juin 2012Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que son pays riposterait immédiatement en cas de nouvelle attaque, écrit la Rheinische Post. On peut se demander s'il est vraiment bien inspiré de se mettre lui-même ainsi au pied du mur. Mais le chef du gouvernement doit faire face à une énorme pression sur le plan intérieur. L'opposition et une presse belliqueuse réclament une attitude ferme. Et il ne faut pas oublier qui était l'agresseur dans cette histoire.
La tactique d'Erdogan révèle une certaine impuissance, analyse le Tagesspiegel. Au bout de 16 mois de violences, la diplomatie n'a permis quasiment aucune avancée. Que la logique de la guerre soit mise au premier plan dans une telle situation prouve l'incapacité de tous les acteurs de la crise syrienne.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung revient sur la déclaration du chef du gouvernement turc : Ankara ne trouvera pas de repos tant que le « dictateur assoiffé de sang » Bachar al-Assad ne sera pas renversé. Erdogan a ainsi nommé plus directement que les autres l'objectif que beaucoup cherchent à atteindre, sans savoir comment y parvenir : un changement de régime à Damas. L'Otan et l'Union européenne ont de bonnes raisons de croire qu'on ne peut pas forcer ce changement de l'extérieur avec des moyens militaires. C'est pourquoi elles restent prudentes après cet incident, qui a d'ailleurs montré à quel point les Syriens savent bien se servir des missiles anti-aérien russes.
La Süddeutsche Zeitung salue la réaction raisonnable de l'Otan : un mélange entre menace et apaisement. L'organisation renonce à des mesures contre Damas cette fois-ci, mais va garder la Syrie à l'œil. Il s'agira aussi pour l'Otan de surveiller Ankara, pour prévenir toute provocation inutile. Il n'y a par exemple aucune raison de réaliser des exercices aériens à la frontière avec un pays ravagé par la guerre. L'Otan s'est rangée du côté de la Turquie. En contrepartie celle-ci doit tout faire pour éviter tout ce qui serait susceptible d'aggraver le conflit avec la Syrie.