Luanda Leaks :une enquête qui éclabousse Isabel dos Santos
20 janvier 2020C’est sans doute l’un des plus grands scandales économiques du continent, les "Luanda Leaks". Comment, pendant des années, un couple a puisé dans les caisses d’entreprises publiques pour nourrir ses propres affaires.
Plus d'un milliard de dollars auraient été ainsi pris dans les comptes de la Sonangol (la compagnie pétrolière publique) et Endiama (la compagnie de diamant) pour être injectés dans plus de 400 sociétés disséminées dans une quarantaine de pays à travers le monde. "La nouveauté des "Luanda Leaks" est que nous avons maintenant des détails sur la façon dont Isabel dos Santos a pu construire ce réseau de corruption. Nous avons également maintenant des informations sur ce qui lui a permis d'exploiter les ressources angolaises de cette manière. Ces enquêtes doivent être étendues à ceux qui ont rendu cette corruption possible. Il s'agit de banques, de sociétés et de particuliers étrangers" explique l'analyste angolais Rafael Marques.
Les révélations des "Luanda Leaks" émanent de quelque 715.000 documents qui ont fuité. 120 journalistes de 36 médias internationaux ont travaillé sur ces documents qui permettront certainement de mieux comprendre le fonctionnement de l'empire économique d'isabel dos Santos. comment, notamment, des sociétés financières occidentales, des avocats et des comptables ont aidé Isabel dos Santos et son époux à prospérer.
L'analyste angolais Rafael Marques en veut à ceux qui, au plan international, ont aidé Isabel dos Santos. Pour lui, "Il s'agit de l'un des principaux cas internationaux de corruption. C'est la communauté internationale qui a présenté Isabel dos Santos comme l'entrepreneure la plus prospère de son pays même si elle était une criminelle. Il est clair que des pays comme l'Allemagne qui ont octroyé des prêts à Isabel dos Santos l'ont aidée à s'enrichir illégalement."
La justice veut la tête d'Isabel
Sindika Dokolo, l’époux d’Isabel dos Santos, réfute les accusations qui visent le couple. Invité de la DW, il y a quelques semaines, après l’annonce par la justice du gel des comptes bancaires et des actifs de son épouse, il affirmait, notamment que "Si on devait de l’argent à des entreprises publiques, il y aurait des contrats qui le stipuleraient. Si on ne produit pas de contrats c’est qu’il n’existe rien. On essaie de fabriquer des choses légalement pour mettre à mort le premier groupe économique privé de l’Angola sous prétexte qu’il ne correspond pas aux accointances politiques actuelles."
Ces révélations des « Luanda Leaks » viennent en tous cas conforter la justice angolaise qui avait déjà été saisie par la Sonangol, l’entreprise pétrolière nationale dont Isabel dos Santos a été la directrice. La justice qui se dit déterminée à "utiliser tous les moyens" pour ramener Isabel dos Santos en Angola. Un engagement pris ce lundi par le procureur général du pays.
Isabel dos Santos est considérée par le magazine américain Forbes comme la femme la plus riche d'Afrique. En 2013,le magazine estimait sa fortune à 3,3 milliards de dollars. Son père Jose Eduardo dos Santos a dirigé l'Angola d'une main de fer pendant trente-huit ans (1979-2017). Et ses critiques lui reprochent d'avoir mis l'économie du pays en coupe réglée au profit d'une poignée de proches.
L'Angola est le deuxième pays producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, mais plus d'un tiers (36%) de ses 30 millions d'habitants y vivent dans une pauvreté extrême, selon l'ONU.