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UE : "plateformes de débarquement" pour migrants à l'étude

Hugo Flotat-Talon | Kai Küstner
22 juin 2018

Alors qu'un "mini-sommet" doit se tenir ce dimanche à Bruxelles sur la recherche de "solutions européennes" à la question migratoire, l'Union réfléchit à des centres de premier accueil en dehors de ses frontières.

Deutschland Grenzkontrollen an der A93
Image : picture-alliance/dpa/S. Hoppe

Des centres européens d'accueil de migrants, hors de l'Union européenne, Le projet est à l'étude avant le sommet d'urgence restreint de dimanche 24 juin sur les questions migratoires. Il aura lieu à Bruxelles, même si des pays comme menacent de ne pas participer et d'autres comme la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie ou la République Tchèque ont déjà annoncé leur intention de ne pas y prendre part. La quinzaine de participants confirmés jusqu'à présent échangeront en tous cas sur cette question des "centres" hors de l'Union. 

"Guantanamao pour migrants"

Il ne s'agit pas de créer des "Guantanamao pour migrants", mais l'idée de ces "plateformes régionales de débarquement" est bien sur la table, confirmait le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramopoulos, hier à Bruxelles. En clair, des centres en dehors des frontières de l'UE, où seraient conduits les bateaux qui arrivent de Méditerranée par exemple. Les personnes resteraient là, le temps de l'étude de leur dossier. 

Image : picture-alliance/dpa/C. Charisius

L'idée émanait au départ des pays les plus réfractaires à l'accueil des migrants, mais aujourd'hui, même la chancelière allemande Angela Merkel ne semble plus y être vraiment opposée. "Nous devons réduire la migration irrégulière. Mais en même temps, nous devons ouvrir des opportunités légales d'échange pour la formation professionnelle, les études, ou d'autres choses de ce genre", dit la chancelière. 

Quel pays pour l'accueil ?

Selon un premier document interne parvenu  en amont du sommet européen au bureau de la DW à Bruxelles, l'objectif de ces centres serait de distinguer les "migrants économiques" de ceux qui ont besoin "d'une protection internationale". C'est écrit comme ça sur le papier. 

Se posent pourtant de nombreuses questions juridiques. Pour demander l'asile en Allemagne, par exemple, il faut jusqu'à présent le faire impérativement sur le sol allemand. Membre du parti écologique Les Verts au Parlement européen, l'Allemande Ska Keller craint un "enterrement" du droit d'asile : "On veut emprisonner des personnes dans des camps, dans des pays tiers comme la Libye ou d'autres Etats. Des Etats où ils ne peuvent pas se défendre correctement".

La Libye, mais aussi la Tunisie ou l'Albanie, sont également évoqués comme pays qui pourraient accueillir ces centres. Mais les obstacles sont nombreux : la Tunisie a, par exemple, déjà refusé par le passé d'être un pays d'accueil. Les associations d'aide aux migrants s'élèvent aussi contre ces centres. 

Divisions européennes

Sauf que le contexte de cette rencontre à Bruxelles est très particulier : en Allemagne, la chancelière allemande est pressée par ses alliés conservateurs pour réduire l'immigration irrégulière. Il y a peu, les membres de l'UE se sont déchirés pour savoir qui devait accueillir le bateau de secours aux migrants Aquarius.

Et certains chefs de gouvernement, comme le très conservateur autrichien Sebastien Kurz, plaident depuis longtemps pour une politique migratoire dure. "La règle la plus importante doit être: toute personne qui voyage illégalement sera arrêtée à la frontière, soignée et renvoyée", dit-il. 

L'Italie a, les dernières semaines, refusé plusieurs fois l'accès à ses ports à des bateaux avec des personnes en détresse.Image : picture -alliance/dpa/M. Petry/sea-eye.org

La France ou l'Italie ne se prononcent pas non plus officiellement contre ces centres. L'Onu et l'Organisation internationale pour les Migrations, qui pourraient être parties prenantes de ce projet, sont d'ailleurs déjà en discussion avec l'Union européenne. 
Les questions autour de ce projet loin d'être acté sont encore nombreuses, mais son lancement pourrait au moins permettre aux dirigeants européens de cacher pour un temps leur incapacité à se mettre d'accord sur la question.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_
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