1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

L'Ukraine en voie de « poutinisation » ?

12 octobre 2011

Une femme fait la Une des journaux allemands : Ioulia Timochenko, l'ancienne Premier ministre ukrainienne, condamnée mardi à sept ans de prison. Le régime ukrainien est soupçonné d'avoir voulu écarter l'opposante.

Le procès fait réagir la presse et pas seulement en AllemagneImage : DW

Die Welt

se demande si l'on n'est pas en train d'assister à une « poutinisation de l'Europe de l'Est ». L'Ukraine a fait mardi un pas qui l'éloigne de l'Europe et la rapproche de Moscou. Là-bas un Mikhaïl Khodorkosvki, ici une Ioulia Timochenko : les personnalités les plus susceptibles de représenter un danger pour leurs gouvernements respectifs sont envoyées derrière les barreaux pour des années, après des procès pour le moins douteux. Après les atteintes systématiques à la démocratie et à l'Etat de droit en Russie et au Bélarus, l'Ukraine semble vouloir emprunter la même voie.

Les accusations contre Ioulia Timochenko portaient notamment sur une affaire de vente de gaz russeImage : dapd

A en croire die tageszeitung, il était clair depuis le départ que cette farce judiciaire n'avait pas pour but d'amener une femme politique à assumer ses responsabilités pour les fautes commises dans le cadre de ses fonctions, mais bien à mettre au placard une concurrente. Malgré tout, il est étonnant que le juge l'ait condamnée à une peine aussi lourde et ce en dépit des vives critiques venant de l'étranger. L'issue de cette affaire Timochenko est donc aussi un défi lancé à la communauté internationale, et avant tout à l'Union européenne.

Cet étrange procès et les échanges de coups entre l'Union européenne et le gouvernement ukrainien ont eu lieu sur fond de négociations complexes, explique la Süddeutsche Zeitung. En effet, en décembre, un accord de libre-échange devrait être signé entre l'UE et l'Ukraine. Une signature que Bruxelles remet en question à cause de l'affaire Timochenko.

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch est suspecté d'avoir voulu écarter sa principale opposanteImage : picture-alliance/dpa

On aurait pu croire que Kiev se montrerait prêt à quelque geste d'humilité pour ne pas compromettre cet accord. Au lieu de cela, le ministre ukrainien des Affaires étrangères affiche toute sa présomption et explique que l'Union européenne ne saurait être complète sans son pays et qu'il ne faut pas se laisser récupérer. Une attitude qui a été confirmée avec cynisme par le tribunal de Kiev. Cela n'a pas grand chose à voir avec un Etat de droit.

Enfin, pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ce jugement met l'Union européenne dans une situation difficile. Elle voudrait favoriser le processus de démocratisation balbutiant en Ukraine, en connectant le pays à l'Occident. L'accord d'association et de libre-échange serait un succès important dans la lutte pour l'Ukraine. L'Ukraine qui, d'autre part, est depuis longtemps la pièce maîtresse dans les efforts de la Russie pour reconstituer son ancien empire.

Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Mireille Dronne

Passer la section Sur le même thème