Agir face aux catastrophes naturelles
21 juillet 2021Des inondations en Europe, en Afrique de l'ouest, en Chine, avec des glissements de terrain, des coulées de boue et leur lot de victimes et de dégâts. Des températures qui frisent les 50°C en Amérique du Nord au mois de juin, des incendies de forêts… tous ces sinistres sont souvent considérés comme des catastrophes naturelles, en lien avec le réchauffement climatique.
Ces événements météorologiques violents sont-ils vraiment si "naturels" ? Et que faire pour lutter contre leur multiplication ?
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Les phénomènes incriminés sont bien naturels, dans le sens où ils sont l'expression de la nature. Mais leurs répercussions sur la vie et les activités humaines en font des catastrophes.
Comment prévenir mieux, la prochaine fois ?
Et à chaque fois, les mêmes questions reviennent : les systèmes d'alerte ont-ils bien fonctionné ? La législation en vigueur est-elle adaptée ? Faut-il redéfinir les zones inconstructibles ?
Jürgen Jensen, chercheur à l'Institut de recherche sur l'eau et l'environnement de l'Université de Siegen, estimait il y a quelques jours sur la radio publique allemande Deutschlandfunk qu'il était difficile de mieux prévoir les cataclysmes. "Cependant, précisait-t-il, on peut bien sûr augmenter la prévention de l'Etat, ou privée, en modifiant notre manière de planifier, en améliorant la riposte, comme le déploiement des sauveteurs, les systèmes d'alerte, rendre les évacuations plus rapides. Il y a une série de mesures possibles mais elles ne suffiront pas à éviter cela totalement. "
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"A l'ère de l'Anthropocène, il n'y a plus que des catastrophes humaines et économiques virant inéluctablement au politique", écrit de son côté Dominique Leglu, dans son dernier éditorial, paru il y a quelques jours dans le magazine Sciences et avenir.
A l'international
Au niveau international, le groupe 1 du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat) doit rendre son prochain rapport début août aux Nations unies, le groupe 2 en février 2022. Les experts devraient donner de nouvelles orientations sur la nécessité d'adaptation des villes, de l'agriculture et des activités humaines en général.
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Parmi les dernières mesures politiques, il y a la loi preparée par l'Union européenne, qui propose d'instaurer des objectifs contraignants de réduction des gaz à effet de serre. L'objectif à terme étant de rendre progressivement les Etats-membres "climatiquement neutres" d'ici 2050. Toutes une série de mesures qui devront encore être approuvées par les Etats membres.
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Les ministres européens préparent en ce moment en Slovénie la COP15 sur la biodiversité qui doit se tenir en Chine.
Une nouvelle loi climat en France
En France, le Parlement a adopté hier une "loi climat" inspirée par les propositions d'un panel citoyen. Le texte doit "permettre" à la France "de tendre vers" une réduction de 40% de ses émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030. Mais les mesures envisagées comme l'écotaxe sur les poids-lourds ou la taxe sur les engrais azotés dans l'agriculture ne sont qu'incitatives.
Le panel de citoyens consulté, ainsi que plusieurs ONG de défense de l'environnement, regrettent le "détricotage" des propositions initiales et une politique "des petits pas".
La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompilli, compare, elle, la lutte contre le changement climatique à un "marathon" : il ne faut pas partir trop vite au risque d'épuiser sinon ses ressources.
Critiques des ONG
Jean-François Julliard, directeur-général de Greenpeace France, estime que "si on avait repris les 149 propositions de la convention citoyenne pour le climat, là on pourrait dire qu'on commence sérieusement à transformer la société et à la mettre dans les rails pour lutter contre le dérèglement climatique, sauf qu'on n'en est pas du tout là."
Céleste Duriez, du Réseau Action climat, manifestait hier [20.7.21] à Paris et doute elle aussi : "Les seuils qui sont inscrits dans la loi, c'est 2028, 2040, même parfois 2050, on se dit : "ce n'est pas possible, personne ne se rend encore compte que les politiques publiques devraient mettre les choses en place dès aujourd'hui" donc bien sûr, on continue à se mobiliser."
Le Haut conseil pour le climat et le Conseil d'Etat doutent des capacités de l'Etat à remplir ses engagements de l'Accord de Paris. Le Conseil d'Etat donne neuf mois au gouvernement pour prendre "toutes les mesures utiles". L'Etat encourt une pénalité de 10 millions d'euros par semestre s'il ne fait pas davantage contre la pollution de l'air.