Crise à Madagascar : la rue défie le président Rajoelina
30 septembre 2025
À Antananarivo, les forces de l'ordre ont dispersé, en usant de gaz lacrymogènes, des centaines de manifestants qui s'étaient réunis dans plusieurs quartiers de la capitale du Madagascar. Ces jeunes protestent depuis près d'une semaine contre les coupures d'eau et d'électricité et pour le respect des libertés fondamentales.
Pour Herizo Andriamanantena, le porte-parole du collectif "Gen Z Madagascar", la mobilisation va se poursuivre et le mouvement réclame la démission du président Andry Rajoelina.
"Franchement, si le gouvernement ne répond pas à nos revendications... Jusqu'ici, on s'est juste dit qu'il faut continuer nos revendications. On a une obligation de vraiment tout changer. Je ne pense pas négocier, mais ce qui est sûr, c'est qu'on attend la destitution et la démission (du président), surtout cette démission", insiste Andriambanantena.
Herizo Andriamanantena affirme aussi que les jeunes mobilisés subissent des menaces et des intimidations de la part des autorités.
Pourtant lundi 29 septembre, le président Andry Rajoelina a annoncé avoir entendu la jeunesse et a limogé son premier ministre et son gouvernement. Mais les excuses du président n'ont pas calmé des manifestants, choqués et en colère, en raison de la violence de la répression policière.
"Est-ce qu'il peut aller au-delà ?
Raoto Adriamanambe, journaliste et analyste politique à Antananarivo, pense que le président n'est pas prêt à faire d'autres concessions.
"Le ressenti vraiment des citoyens aujourd'hui et des jeunes, c'est qu'il (Rajoelina) a parlé surtout des autres, mais qu'il n'a pas parlé de lui. Est-ce qu'il peut aller au-delà ? Je ne crois pas, parce que s'il veut vraiment aller au-delà, ça doit être lui donc qui démissionne. C'est l'une des revendications les plus fortes des manifestants. Est ce qu'il est dans cette logique ? Je ne crois pas. Ce n'est pas le discours de quelqu'un qui veut lâcher plus de lest", analyse Adriamanambe.
Le Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'Homme, Volker Türk, s'est dit "choqué par la réponse violente" aux manifestations à Madagascar, où "au moins 22 personnes ont été tuées et plus d'une centaine d'autres blessées", selon cette organisation onusienne.
Ce mardi, un défilé de centaines de personnes a été signalé à Toamasina, dans l'est du pays. Alors que, hier lundi, la mobilisation était particulièrement suivie dans plusieurs grandes villes du pays, comme Antsiranana, dans le Nord.
Antananarivo secouée
Il s'agit des manifestations les plus importantes depuis la période qui a précédé l'élection présidentielle de 2023, boycottée par l'opposition.
Ancien maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, 51 ans, est arrivé une première fois au pouvoir de 2009 à 2014 à la faveur d'un soulèvement populaire, acceptant sous la pression internationale à se mettre en retrait provisoirement. Il s'est ensuite fait élire en 2018 puis réélire en 2023 lors d'un scrutin très contesté.