Mais que fait la diplomatie allemande ?
4 février 2011La Frankfurter Allgemeine Zeitung constate : au Caire, ils sont des centaines de milliers à protester. A Ramallah, au contraire, tout est calme. La plupart des Palestiniens ont perdu à la fois leur espoir d’un accord de paix et leur confiance dans les hommes politiques. Leurs attentes sont aujourd’hui tellement modestes, qu’il en devient difficile de les décevoir.
Toutefois, la FAZ estime que ce calme est tout ce qu'il y a de plus précaire. Moubarak et Ben Ali viennent de faire l’expérience de la rapidité avec laquelle le climat politique peut se retourner. La jeune génération palestinienne donne à Mahmoud Abbas une dernière chance. Mais si ce dernier et la communauté internationale continuent à lui promettre en vain un état indépendant, alors elle aussi risque de perdre rapidement son calme.
La révolution nord-africaine marque une césure historique, affirme la Süddeutsche Zeitung. Elle met à l'épreuve les grands acteurs de la politique étrangère dans le monde. L'Allemagne s'est donné beaucoup de peine pour appartenir à ce cercle. Le monde veut savoir ce que l'Allemagne peut apporter. Mais avoir sa propre posture exige une analyse critique de son attitude passée.
Lorsque le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, affirme que les droits de l'Homme ont toujours joué un rôle important dans la relation de l'Allemagne avec l'Egypte, il n'est pas crédible, poursuit la Süddeutsche Zeitung. Il est grand temps de dire que Moubarak ne peut plus être un partenaire. Les changements historiques demandent du courage et de l'instinct. La balle est dans le camp de M. Westerwelle.
La tageszeitung revient sur la décision prise par la région de Hesse, en Allemagne, d'interdire le port de la burqa dans les services publics. Selon le quotidien, la burqa signifie une séparation radicale. Elle n'a pas sa place au sein d'une administration publique. Le fait que cette femme d'origine marocaine, qui souhaite aujourd'hui porter la burqa, ait pu travailler pendant des années avec un simple voile dans les cheveux, montre qu'il ne s'agit pas d'une discrimination religieuse.
Par contre, si la tageszeitung trouve la mesure justifiée en Hesse, elle voit une motivation politique derrière le projet de reproduire cette interdiction en Basse-Saxe. Le quotidien observe : tout cela aurait pu rester un cas isolé, s'il n'y avait pas l'offensive populiste du ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe, Uwe Schünemann, qui souhaite désormais promulguer une loi similaire, alors même qu'aucune plainte n'a été formulée en rapport avec une burqa.
Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Jean-Michel Bos