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Quel bilan après quatre ans de transition au Mali ?

Eric Topona | Avec agences
19 août 2024

Depuis août 2020, le Mali est dirigé par des militaires. Si le pouvoir a changé de mains, le quotidien des Maliens reste difficile.

Un convoi militaire accueilli par une foule en liesse dans les rues de Bamako
A Bamako, les espoirs de changement étaient grands lors du premier coup d'état, le 18 août 2020. Image : Getty Images/AFP/M. Konate

Il y a tout quatre ans Ibrahim Boubacar Keïta était renversé par les militaires.  Après une courte période de Transition dirigée par des civils, les militaires ont pris le contrôle de tout le pouvoir en portant à la tête du pays, le colonel Assimi Goïta. Pour justifier le putsch de 2020, les militaires avaient mis en avant, la détérioration de la situation sécuritaire, notamment dans le nord du pays confronté aux attaques djihadistes. Autre argument avancé par les putschistes : la mauvaise gouvernance politique et économique du pouvoir d'Ibrahim Boubacar Keita. Quatre après, comment se porte le Mali ? Barka Bâ, chercheur en sciences politiques et écrivain sénégalais dresse un bilan mitigé de la transition malienne.

L'interview de Barka Bâ

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Jugé corrompu et inféodé à l'ancienne puissance coloniale française, ce régime était aussi sous le feu des critiques en raison de l'insécurité dans le nord du pays et des difficultés économiques. IBK est renversé le 18 août 2020

Des progrès revendiqués

Pour Nouhoum Sarr, membre du Parlement malien (CNT), la situation du Mali s'est nettement améliorée depuis :

Le colonel Assimi Goïta dirige la Transition au MaliImage : Alexander Ryumin/TASS Host Photo Agency via REUTERS

"Quatre ans après, le bilan il est visible, il est là. La quasi-totalité du territoire national est désormais sous le contrôle de l'État du Mali. Quatre ans après, la respectabilité de notre pays n'est plus à démontrer sur la scène internationale. Quatre ans après, l'autonomie décisionnelle est une réalité. Plus personne ne décide à la place des Maliens, plus personne ne décide à la place des autorités légitimes du Mali. (...) Donc nous sommes conscients de la situation économique et nous avons l'obligation de tout mettre en œuvre pour que, parallèlement au financement de la guerre, que l'on puisse trouver une solution à éponger la dette intérieure, à créer plus de conditions d'investissements, à faire en sorte que le secteur privé malien puisse être renforcé."

Que ce soit l'emploi, le coût de la vie ou encore les coupures d'électricité ... la situation économique reste effectivement une si ce n'est la préoccupation majeure des Maliens. Or pour 2024, la Banque mondiale prédit un ralentissement de la croissance malienne et une augmentation de l'extrême pauvreté.

La sécurité n'est pas tout

Les dirigeants militaires actuels du Mali, qui ont pris le pouvoir lors d'un second coup d'Etat en 2021, assurent eux que tant que la sécurité ne sera pas rétablie, il ne pourra pas y avoir d'élections et donc de retour des civils au pouvoir. Mais pour Alex Kalambiry, analyste politique, la sécurité n'est pas tout :

Mali, Niger et Burkina Faso quittent "sans délai" la Cédéao

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"Oui, Kidal a été repris. Tinzaouatène est en cours. Mais chacun convient aujourd'hui que le tout n'est pas sécuritaire, que les conquêtes, du moins, l'instauration de la sécurité va avec l'économie, va avec l'offre politique, va avec d'autres aspects qui permettent aux populations de vaquer à leurs occupations mais surtout de pouvoir se nourrir et se prendre en charge. (...) Il se trouve aujourd'hui que le pays a une économie vraiment exsangue, dû justement au fait qu'il n'y a pas d'offre. Si vous voyez, l'État se finance de plus en plus sur le marché monétaire de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine, NDLR). Mais visiblement, l'activité économique est au ralenti et même l'État, si vous regardez, à chaque fois qu'il y a un budget, il y a toujours une loi rectificative pour recentrer sur l'essentiel."

Preuve que la sécurité n'est par ailleurs toujours pas rétablie : le ministre malien de l'Education a annoncé dimanche soir dans un communiqué la mort de deux enseignants maliens. Enlevés le 15 août dans la région de Tombouctou, ils ont été assassinés par leurs ravisseurs non encore identifiés. Le  ministère condamne "avec vigueur cet acte odieux" mais ne précise pas les circonstances de l'assassinat ni le lieu où les corps ont été retrouvés.
 

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