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Des manifestants réclament le retrait du Mali de la Cédéao

Carole Assignon | Mahamadou Kane
1 avril 2022

Des centaines de manifestants ont exigé ce vendredi le retrait du Mali de la Cédéao. Quelles seraient les conséquences d'un tel scénario ?

Manifestation à Bamako en janvier 2022
Image : Florent Vergnes/AFP

A l'appel de plusieurs organisations de la société civile, les manifestants, à l'aide de banderoles et de slogans hostiles à la Cédéao ainsi qu'à la France, se sont retrouvés place de l'Indépendance à Bamako ce vendredi (01.04). Ils ont notamment réclamé l'autonomie monétaire du Mali qui est depuis le 9 janvier sous le coup de sanctions. Les manifestants souhaitent aussi que le Mali se retire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Pour le moment, les autorités de la transition malienne n'évoquent pas cette éventualité, du moins pas officiellement.

Impact sur le plan économique

"Les chefs d'Etat ont décidé qu'ils étaient disposés à prévoir une prolongation de la transition au Mali dans une fourchette de 12 à 16 mois. En ce qui concerne la Cédéao, les sanctions sont toujours maintenues", Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la Cédéao, expliquait ainsi lors de la dernière session extraordinaire de l'institution la décision concernant le Mali.

(Re)lire : Mali : une nouvelle charte de la transition et toujours des interrogations

Cette décision passe visiblement mal auprès de certains Maliens qui demandent le retrait du pays de la Cédéao. Mais prendre ses distances vis-à-vis de la Cédéao reviendrait pour le Mali à tourner le dos à une organisation qui constituait en 2019 un marché de plus de 350 millions de consommateurs, avec des pays membres générant au total un PIB de 730 milliards de dollars.

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"C'est vrai que sur le plan économique, l'intégration sous-régionale est encore parcellaire mais il existe plusieurs programmes mis en œuvre au niveau de la sous-région. Du point de vue de la coopération internationale également l'approche sous-régionale est considérée et le Mali émarge dans un certain nombre de programmes, que ce soit avec la Banque africaine de développement, l'Union européenne", rappelle l'expert en gouvernance Dany Ayida qui précise par ailleurs que "si le Mali se retire, il remet en cause ces mécanismes. Sur le plan commercial c'est vrai que les échanges entre le Mali et les pays de la sous-région ne sont pas aussi importants mais sur le plan de l'agriculture, le Mali échange beaucoup avec des pays comme le Sénégal, la Côte d'ivoire, les pays côtiers comme le Bénin, le Togo, le Nigeria."

Quitter la Cédéao pourrait ainsi porter un coup dur à l'économie du Mali si les Etats membres de l'institution décidaient de suspendre leurs échanges avec Bamako.

(Re)lire aussi : Mali, vers une suspension des sanctions?

Déjà les sanctions actuelles de la Cédéao pèsent sur le Mali. Dans le domaine des transports par exemple, de nombreuses commandes sont bloquées sur l'axe Dakar-Bamako, l'une des principales routes d'approvisionnement du Mali. Des produits essentiels à l'économie malienne comme le ciment et le fer, les voitures d'occasion importées depuis l'Europe par les ports ou encore le matériel informatique et les équipements de transport sont quant à eux totalement bloqués. 

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La crainte d'un isolement

Sur le plan politique, on pourrait s'attendre également à des conséquences. "C'est l'isolement international du Mali qu'il faut craindre parce qu'il se trouve qu'aujourd'hui le Mali est militairement soutenu par des Russes par l'entremise de Wagner, ce qui ne tombe pas bien dans la mesure où la Russie est au banc de la communauté internationale depuis l'invasion de l'Ukraine (…) Cela s'inscrit dans une dynamique qui n'est pas à l'avantage du Mali", explique Dany Ayida.

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Il faut savoir que la Mauritanie avait déjà franchi le pas en quittant la Cédéao en 2000 pour intégrer l'Union du Maghreb arabe avec l'Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie. Mais depuis, Nouakchott tente de réintégrer la Cédéao pour profiter à nouveau de certains avantages notamment commerciaux.