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Charte des partis abrogée au Mali : l’opposition s’indigne

Mahamadou Kane
2 mai 2025

La mesure suscite de vives réactions dans la classe politique. Chacun interprète à sa manière l’abrogation de la charte des partis politiques.

Le chef de la junte Assimi Goita et ses hommes.
Le multipartisme, ainsi que les libertés d'expression et d'association, ont été consacrés au Mali par la Constitution de 1992, année de la démocratisation. Mais depuis l'arrivée des millitaires au pourvoir, on a constaté une remise en cause de l'esprit de cette Constitution. Image : AP Photo/picture alliance

Les autorités de transition maliennes ont adopté, ce mercredi 30 avril 2025, un décret abrogeant la charte des partis politiques.

Une décision qui suscite la surprise, voire l’inquiétude, au sein des états-majors politiques, d’autant qu’elle intervient peu après les assises nationales organisées par les militaires. Cette concertation avait recommandé la dissolution pure et simple de tous les partis politiques.

Le pluralisme démocratique menacé

La décision soulève des questions juridiques : en effet, l’existence des partis politiques est garantie par la Constitution de 1992, fondement du pluralisme démocratique au Mali. La charte abrogée, quant à elle, n’avait été adoptée qu’en 2005, pour encadrer leur fonctionnement.

La coalition de partis a annoncé la tenue d'un meeting samedi (03.04.2025) à Bamako. Si le rassemblement se tient, il constituerait un acte de contestation inédit depuis l'arrivée des militaires au pouvoir.Image : Thomas Imo/photothek/picture alliance

Pour Boulan Baro, membre du CNID Faso Yiriwa Ton, formation de l’ancien ministre Mountaga Tall, cette démarche cache une intention politique.

"Dans ce contexte, l’abrogation de la charte des partis politiques traduit clairement une intention politique visant à retirer toute la substance de la vie politique portée par les partis. C’est comme si l’on cherchait à créer un vide juridique empêchant leur organisation, leur fonctionnement et leurs activités", estime-t-il.

Les autorités sortent de leur silence

Contactées à plusieurs reprises, les autorités de transition n’ont pas donné suite à nos sollicitations. Toutefois, mercredi soir, le directeur général de l’administration territoriale, Abdoul Salam Diepkile, a réagi sur la télévision nationale, écartant les critiques.

"Il faut préciser que, sous l’empire de cette loi, de nombreuses accusations ont été formulées à l’encontre du ministère de l’Administration territoriale, notamment sur sa faiblesse face à la prolifération des partis politiques. C’est dans une logique d’anticipation que le gouvernement a décidé de l’abroger. Cela ne remet pas en cause l’existence des partis actuels", a-t-il déclaré.

Selon une source judiciaire proche du dossier, l’abrogation de la charte ne signifie pas, à ce stade, la dissolution immédiate des partis politiques.

La prochaine étape consistera à soumettre un projet de loi au Parlement de transition, avant promulgation par le chef de l’État.