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Au Mali, le Premier ministre tape du poing sur la table

18 novembre 2024

Choguel Maiga a critiqué sa mise à l'écart dans la prise de certaines décisions par les militaires, qu'il accuse de ne pas vouloir rendre le pouvoir aux civils.

Choguel Maïga a été un farouche opposant du Président défunt IBK
Choguel Maïga est Premier ministre du Mali depuis le 7 juin 2021 Image : Mali Government

Cette déclaration est inattendue de la part d’un homme qui soutient les putschistes depuis plus de trois ans. Le Collectif pour la défense des militaires condamne pour sa part cette sortie musclée et réclame sa démission. 

Habillé en treillis militaire, Choguel Kokalla Maïga s'est exprimé à l'occasion de la commémoration du premier anniversaire de la prise de la ville de Kidal, dans le nord du pays, par les forces armées maliennes. 

Le général d'armée Assimi Goïta est Président de la transition au Mali depuis le 24 mai 2021.Image : OUSMANE MAKAVELI/AFP/Getty Images

"La transition était censée prendre fin le 26 mars 2024, mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du gouvernement" , s'est plaint Choguel Kokalla Maïga, devant ses partisans et sympathisants du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), à l'origine de la contestation contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta qui a conduit, en août 2020, à la prise de pouvoir par les militaires. 

Mis à l'écart d'importantes décisions

Le Premier ministre de transition, en poste depuis le 7 juin 2021, a dénoncé aussi le fait d'être réduit, selon lui, à se contenter des rumeurs de la presse ou à une interprétation hasardeuse des faits et gestes du ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation,le colonel Abdoulaye Maïga.
Fodie Tandjigora, maître de conférences et chef du département sociologie-anthropologie à l'université de Bamako, explique que ce discours dévoile le malaise qui existe entre le Premier ministre et les militaires au pouvoir à Bamako.

Le Colonel Abdoulaye Maïga au siège des Nations unies en septembre 2022Image : Mary Altaffer/AP/picture alliance

À  l'en croire, "beaucoup de chantiers importants ont été annoncés à la télévision. Le Premier ministre et les autres membres du gouvernement ne l'apprennent qu'avec les autres citoyens, au même moment. Donc c'est son isolement qu'il dénonce : isolement vis-à-vis des questions importantes, vis-à-vis des échéances que lui-même avait annoncées bien avant. Et donc, il est à côté des dossiers les plus importants".

Recherche de soutiens

C'est un discours qui permet à Choguel Kokalla Maïga d'engranger des soutiens au-delà de sa base habituelle, ajoute pour sa part Mohamed Amara, enseignant à l’université des lettres et des sciences humaines de Bamako.

"Par exemple, il cite le chérif de Nioro (personnalité religieuse malienne à la tête d'une confrérie soufie d'obédience tijane, la hammawiyya, NDLR) en s'appuyant sur son côté résistant. Pour moi, c'est une façon de dire : Ecoutez, j'ai la tête sous l'eau, aidez-moi à en sortir et à avoir des forces pour affronter ceux qui veulent me vider", affirme le chercheur.

Choguel Maiga (à gauche) en compagnie du generalImage : Primature du Mali

En effet, au cours de son meeting, le Premier ministre s'est gardé de critiquer les forces armées maliennes à qui il a dressé des couronnes de laurier et a appelé à l'unité et au "respect des autorités politiques, garant de force et de stabilité".

Dans ces conditions, pourquoi ne démissionne-t-il pas ?

Selon Fodie Tandjigora, la réponse à cette question touche à ses intérêts personnels..

"Il croit en la capacité des militaires à pouvoir propulser un changement réel, ou peut-être que c'est une stratégie de préservation de ces intérêts purement personnels, puisqu'il est probablement en fin de carrière politique" avance-t-il.

Choguel Kokalla Maïga semble aussi s’aligner sur les exigences du M5-RFP. En mai dernier, ce mouvement, qui venait justement de destituer Choguel Kokalla Maïga de sa présidence, avait publié un document critiquant ouvertement les dirigeants militaires au pouvoir, pour le non-respect du délai de la transition et la lenteur du transfert du pouvoir aux civils.

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