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Plus aucun parti politique autorisé au Mali

14 mai 2025

Les autorités militaires ont dissous tous les partis politiques. Une décision radicale qui enterre l’ordre partisan existant et impose un silence politique sans précédent.

Mali | Colonel Assimi Goita
La dissolution des partis politiques est la dernière d'une série de restrictions aux libertés prises par les militaires, au pouvoir depuis deux coups d'Etat en 2020 puis 2021Image : Amadou Keita/REUTERS

Les autorités de transition au Mali ont dissous mardi (13.05.2025), l'ensemble des partis politiques et des organisations à caractère politique. Une décision dénoncée par l’opposition politique.  Il existe à ce jour environ 300 partis politiques recensés au Mali.

Cette décision, redoutée par l'opposition depuis plusieurs semaines, marque un tournant autoritaire dans la transition en cours au Mali.

Les autorités avaient déjà abrogé la Charte des partis, qui définissait les bases juridiques, morales et organisationnelles des formations politiques, encadrant leur création, leur fonctionnement et leur financement.

Plus de cadre juridique

Pour le juriste malien Toumany Oumar Diallo, la dissolution des partis politiques au Mali ne laisse place à aucune ambiguïté sur le plan légal.

"Juridiquement, dès que l’annonce est publiée dans le journal officiel, on peut dire qu’il n’y a plus de partis politiques au Mali. Tout se trouve dans le passé", affirme-t-il.

Le 03 mai 2025, dans un acte de protestation rare depuis l'arrivée au pouvoir des militaires, une nouvelle coalition de l'opposition avait réussi à mobiliser plusieurs centaines de personnes contre la dissolution des partis politiques lors d'une manifestation dans la capitale malienne Bamako.Image : AFP

Selon lui, le retour d’un espace politique organisé suppose désormais l’adoption d’une nouvelle loi qui autorise explicitement la création de partis : "Pour qu’il y ait de partis politiques, il faut qu’il y ait une nouvelle loi qui les autorise", précise-t-il.

Cette analyse souligne la portée historique de la décision de la junte : elle ne constitue pas seulement une suspension des activités politiques, mais bien une remise à zéro de l’ordre partisan malien. En l’absence de cadre juridique renouvelé, toute forme d’expression politique organisée devient de facto illégale.

Plus de réunion politique

Le décret présidentiel va plus loin en interdisant toute réunion de membres de ces formations désormais dissoutes. Il précise toutefois que les responsables politiques ou administratifs en poste peuvent continuer à exercer leurs fonctions, mais sans se prévaloir de leur appartenance partisane ou d’un quelconque statut politique.

Cette mesure s’inscrit dans la continuité des recommandations issues d’une concertation nationale tenue fin avril. Cette dernière, largement dominée par des soutiens du régime la plupart des partis d’opposition ayant boycotté l’événement, avait suggéré de durcir les conditions de création des partis, voire de les dissoudre. Elle avait aussi proposé de maintenir à la tête de l’État le général Assimi Goïta, chef de la junte, sans passer par une élection, pour un mandat de cinq ans, renouvelable.

Les militaires au pouvoir ont renoncé à leur engagement de transférer le pouvoir à un gouvernement civil élu en mars 2024. L'opposition, déjà fragilisée par des poursuites judiciaires, des suspensions d’activités et un climat hostile à toute voix dissonante, se trouve désormais réduite au silence dans un contexte national toujours marqué par l’insécurité jihadiste et une crise économique profonde.